La Clau
La SNCF investit à Barcelone, au détriment du Roussillon ?

La société Geodis, filiale de la SNCF spécialisée dans la logistique et les transports, dispose depuis le 29 avril de 25 % du capital de la société ferroviaire catalane Comsa Rail Transport, filiale de Comsa Emte, société d’aménagements fondée à Barcelone. Cette opération, accompagnée d’un siège français au conseil d’administration de Comsa, annonce un renforcement du trafic de marchandises entre le territoire français, l’Europe centrale et la péninsule ibérique, le partenaire barcelonais opérant en Espagne et au Portugal depuis sa création, en 2007. Dans un communiqué commun, Comsa Rail Transport, la SNCF et Geodis revendiquent une « croissance » des flux de marchandises « des deux côtés des Pyrénées » et révèle que la SNCF prépare le prolongement jusqu’en territoire espagnol de l’autoroute ferroviaire Luxembourg-Le Boulou, en Roussillon. SNCF Geodis, quatrième opérateur de son secteur en Europe, s’est assuré en 2012 un chiffre d’affaires de 9,5 milliards d’euros, pour 25 millions affichés par Comsa Rail Transport. L’alliance des deux entreprises s’inscrit dans la libération, courant août, du marché ferroviaire espagnol, selon l’évolution européenne applicable dans chaque Etat. Cette formule permettra la libre circulation de trains de fret et de voyageurs étrangers, notamment français, en territoire espagnol.

Des essais quasi-secrets effectués en Roussillon

Le 14 avril, dans un silence absolu en Roussillon, la société TP Ferro, concessionnaire de la Ligne à Grande Vitesse Perpignan-Figueres, a techniquement homologué le tronçon Perpignan-Llers, au Nord de Figueres, pour une statut d’autoroute ferroviaire. Cette sévère opération, comprenant un arrêt forcé des trains, suivi d’un redémarrage, dans une simulation de panne, a confirmé la stabilité des voies et la possibilité de vaincre la côte et de résister à la pente du tunnel des Albères, à l’aide de deux locomotives par convoi. Un test similaire s’est déroulé en juillet 2012 avec des trains de 750 mètres, mais ces derniers essais ont mis en jeu des serpentins de wagons de 860 mètres. Le tonnage transporté à cette occasion, 2800 tonnes au total, dépasse tous les records français et espagnols, tout en situant en infériorité l’autoroute ferroviaire actuelle, exploitée par la société Lorry Rail et réservée à des trains de 750 mètres tout au plus. Cette information, explicitée espagnol par le magazine de référence, Vía Libre, manifeste la montée en puissance du Corridor ferroviaire méditerranéen. En effet, la liaison continue à écartement européen, pour les marchandises, entre Barcelone et Perpignan, devient une réalité, en marge des difficultés techniques concernant le trafic de passagers. Cet axe fait l’objet d’une adaptation des rails jusqu’à Tarragona et Valencia, l’ensemble configurant un couloir de communication qui devrait permettre aux marchandises de se déplacer rapidement, avant les hommes.

Menaces sur le site logistique du Boulou ?

La plateforme ferroviaire du Boulou, point de départ et d’arrivée de l’autoroute ferroviaire actuelle, est vraisemblablement inquiétée par l’avancée technique du 14 avril. En effet, la construction d’un site comparable dans la région de l’Empordà est envisagée par les autorités catalanes, encore évasives sur ce sujet. Dans le cadre d’une intégration européenne soutenue par des critères environnementaux, le train remplaçant partiellement les camions, le territoire français sera simplement traversé par ladite autoroute, sans la plus-value logistique du Boulou.

Partager

Icona de pantalla completa