La Clau
Radiographie des élections cantonales en Pays Catalan

Alors qu’un récent sondage indique que 57% des citoyens ignorent si l’on vote dans leur canton, et 66% ne connaissent pas le nom du Président de leur Conseil Général. L’abstention menace le scrutin de ce dimanche. Après avoir constaté qu’en Pays Catalan seulement 22% des candidats étaient des femmes, l’analyse des 16 cantons à renouveler, sur les 31 que compte l’assemblée départementale, fournit une certaine radiographie du territoire. Le premier constat est celui de l’âge, car, si la population du département vieillit, ses candidats aussi. Ainsi, si ce dimanche se déroule à Saint-Cyprien l’élection de Super Mamie, juste à côté, sur le canton d’Argelès, on pourrait assister à l’élection de « Super Papy ». Sur ce canton, où ne se présentent que des hommes, la moyennne d’âge est de 63 ans, et leur aîné, Edouard Fesembeck (FN), affiche 78 printemps.

Pour les partis, la palme revient au PS, chez lequel à peine deux candidats ont moins de 50 ans, tandis que la moyenne, d’âge est supérieure à 59 ans, c’est à dire l’âge de la retraite, selon les propres critères du parti. Par ailleurs, sur l’ensemble des 113 candidats, la moyenne d’âge est tout de même supérieure à 51 ans. La gauche départementale prend même des allures de gérontocratie brejnévienne sur les cantons de Thuir et de Saint-Paul-de-Fenouillet, où René Olive et Pierre Estève, sont respectivement conseillers généraux depuis 1982 et 1973.

C’est donc logiquement que les retraités, représentent 23,9% des candidats, mais ils ne sont pas pour autant sur-représentés, car la part de retraités dans la population des Pyrénées-Orientales est de 27,2%. Les cadres et professions intellectuelles supérieures totalisent 25,7% des candidats, alors qu’en 2007, selon l’INSEE, ils représentaient 4% de la population. Viennent ensuite les artisans, commerçants et chefs d’entreprises, soit 15,6% des candidats, pour 3,6% de la population. D’autre part, les employés et ouvriers, qui sont respectivement 13,4% et 9,5%, voient leur proportion tomber à 11% et 2,8% des candidats. Enfin, les agriculteurs représentent 0,9% des actifs et 5,5% des candidats.

Une histoire de famille

Au Front National, 6 candidats ont moins de 30 ans, mais sur les 16 postulants, 11 étaient déjà présents en 2008 sur un autre canton ! De plus, la politique se fait en famille, avec entre autres les époux Edouard et Marie-Thérèse Fesenbeck, tous deux membres du Comité Central du parti, et candidats sur Argelès et Perpignan-1. Chez les Kortanek, ce sont mère et fils qui se présentent : Irina à Perpignan-7 et Wassilij, âgé de 19 ans, à Thuir. Le FN n’est pas le seul parti où l’on retrouve des parentèles, car, chez Convergence Démocratique de Catalogne ( CDC), Jordi Vera se présente sur le canton de Perpignan-2, et son fils Ausiàs sur la Côte Vermeille. A Perpignan, la candidate Marie-Cécile Pons (divers droite), candidate dans le canton Perpignan-2, qui correspond au quartier Saint-Jacques, a son neveu, Michel Susplugas, pour suppléant.

La valse des étiquettes

Enfin, dans les tendances fortes, on remarque l’absence d’UMP, dont 3 des 4 sortants ne se représentent pas, tandis que 7 cantons comportent un candidat, qui évite sur le logo de son parti. Cette situation amuse Hermeline Malherbe, la présidente socialiste du Conseil Général : « On dirait des colis sans étiquette ! « . Par ailleurs, certains UMP vont vers le Modem, et un ex-FN oeuvre au nom de l’UMP. A ce jeu là, la palme de l’irrégularité revient à Mickaël Millet. A seulement 33 ans, après avoir fréquenté le PC et le mouvement chevènementiste jusqu’en 2006, il s’est présenté en 2008 comme MoDem, sur le canton de Perpignan-5 et aux côtés de Clotilde Ripoull aux municipales, puis en 2009 a participé à une liste intitulée « Politicat », avant de jeter l’éponge. En 2010, il tentait sa chance dans la cantonale partielle de Saint-Laurent-de-la-Salanque sous les couleurs de l’Alliance Ecologiste Indépendante, pour finalement, en 2011, représenter Génération Ecologie sur Perpignan-9.

Quels changements ?

Sur les 16 cantons renouvelables : 11 des 16 sortants se représentent, 8 des 9 concernés à gauche et 3 sur 6 à droite. Chez les sortants à nouveau candidats, le temps moyen passé à occuper ces fonctions est déjà supérieur à 15 ans. Une durée qui dépasse même les 18 ans chez les élus de gauche, contre 7 ans pour ceux de droite. Arithmétiquement, les Pyrénées-Orientales pourraient virer au bleu, mais il faudrait pour cela 11 élus à la droite pour reprendre une majorité perdue en 1998. De son côté, la gauche peut se contenter de 6 « nouveaux » élus pour conserver la majorité. Le PCF joue presque sa survie, avec 2 de ses 3 sièges en jeu, et des partis tels que le MoDem, Europe Ecologie Les Verts et le FN, peuvent envisager d’entrer dans l’assemblée départementale, à la faveur de seconds tours triangulaires.

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