La Clau
Le meilleur de la photographie péninsulaire est à Barcelone

Xavier Miserachs

L’un des témoins photographiques les plus exigeants de la catalogne des années 1960 a sans doute été Xavier Miserachs. Né en 1937, Miserachs aurait pu être médecin. Il abandonne cette vocation en quatrième année, et soigne finalement des clichés que l’on pourrait qualifier de chirurgicaux. Assistant au changement radical de la société, ainsi qu’à l’emprise d’un franquisme qui n’a que trop duré, Miserachs offre des clichés d’enfants des rues, de mariages ou de scènes urbaines valant tous les discours.

Oriol Maspons

Ami proche de Miserachs, Maspons s’en distingue par ses sujets. Là où le premier reste dans la veine des photographes sociaux américains, par exemple, le second cherche l’anecdote et se spécialise dans la photo de mode. Ces deux photographes pourtant se rejoignent dans ce que le journaliste Joan de Segarra appellera « La gauche divine » (en français dans le texte). Ce groupe d’artistes, architectes (Tusquets, Bofill) ou top models (comme Elsa Peretti) mit un point d’honneur à organiser des fêtes au milieu d’une Espagne et d’une Catalogne austères. Les photos de Maspons, les meilleures, datent de cette époque. Nul mieux que lui ne sut saisir les débuts de l’effervescence d’Ibiza (Eivissa), par exemple.

Alberto Garcia Alix

La Fondation Colectania, commencée en 1950, témoigne également de l’explosion culturelle et sociale post franquiste, à Madrid comme à Barcelone, appelée « Movida » dans la première des deux villes. Alberto Garcia Alix en a été le meilleur témoin. Ses clichés d’une grande élégance contrastent avec les sujets parfois pornographiques ou violents. Ayant traversé les affres des excès des années 1980, Garcia Alix continue aujourd’hui encore à distiller une photographie coupante et dure comme un diamant. Contrairement à d’autres photographes témoins des milieux underground, les changements sociétaux n’ont rien enlevé à sa rage. La movida passée, García Alix est encore là et bien là, signe d’une œuvre qui transcende sans doute le contexte, et restera comme l’une des toutes premières d’un siècle comme de l’autre.

Et caetera

La liste des photographes collectionnés par la fondation est longue, prestigieuse et pertinente. Parmi les catalans, Tony Catany, et Joan Fontcuberta feront sans doute les beaux jours du petit lieu d’exposition, isolé dans un immeuble qui ne paye pas de mine, dans la partie haute de Barcelone, près de la Via Augusta. Ou encore des expositions itinérantes que Colectania organise, et qui font le tour de la péninsule. On comprend ici encore que la précision du projet de collection, sa pertinence, son entêtement à durer, parviennent à payer.

Fundació Foto Colectania
www.colectania.es
Julián Romea 6, D2 08006 Barcelona

Jusqu’au 29 janvier 2011 : Paco Gómez. « Ordre i desordre ».

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