La Clau
Un prof gay du lycée Lurçat de Perpignan victime d’omerta administrative

Un professeur du lycée Jean Lurçat de Perpignan, homosexuel, est confronté depuis 2014 à absence de protection, de la part de sa hiérarchie, malgré des attitudes insultantes et discriminatoires qui sont notamment du fait de certains de ses collègues. Cet enseignant affirme être l’objet d’injures et d’actes homophobes depuis qu’un autre professeur, de sexe féminin, a fait état de son orientation sexuelle, alors que lui-même préférait ne pas rendre publique cette appartenance. Le “outing” opéré par sa collègue s’est produit en 2014, année depuis laquelle l’enseignant visé a été victime de plusieurs actions malveillantes à son égard. Plusieurs lettres de menaces, des insultes le décrivant comme “pédé”, la vandalisation de son véhicule et du casier qui lui est réservée au sein de l’établissement figurent sur la liste des méfaits comptabilisés par l’intéressé. Le professeur homo a entamé une action en justice, valant à la professeur insultante une condamnation à versé à sa cible la somme de 4000 euros de dommages et intérêts, selon une peine qui a été confirmée en appel.

L’administration est embarrassée

Malgré huit années de mal-être endurées par le professeur, le ministère de l’Éducation nationale est embarrassé par cette situation. L’enseignante mise en cause reste en poste sans faire l’objet de remontrances officielles, hormis, une lettre de “recadrage » rédigée en 2017, dans laquelle il lui est exigé “d’adopter à l’avenir un positionnement conforme” à ses “obligations de professeure ». Parallèlement, peut-être pour protéger l’image de l’enseignement public, il semble que les chefs d’établissement successifs et le rectorat de l’Académie de Montpellier ont joué et jouent encore un rôle de filtre, de telle sorte que le ministère n’a jamais été saisi de la situation, ni de sa gravité.On a le sentiment que certains cadres de la fonction publique se taisent pour ne pas faire de vagues« , s’indigne l’avocate Camille Manya, qui défend la victime. Tous deux ont attaqué l’État en justice dans le but d’obtenir une indemnisation en vertu de la négligence de l’Éducation nationale.

BFMTV s’en mêle

La condition réservée au fonctionnaire de l’enseignement a empiré lorsque celui-ci a constaté que des critiques le concernant, au sujet de son orientation sexuelle, circulaient sur les réseaux sociaux, certains élèves prenant part à la mise en circulation d’informations. Cet enseignant en souffrance ne dispose pas de solidarité générale parmi ses homologues du Lycée Jean Lurçat depuis que l’affaire, judiciarisée, menace de modifier leur image globale, associée aux modèles à imiter. La situation de harcèlement moral est néanmoins clairement identifiée dans un rapport remis en juillet 2021 par la Défenseure des droits, mais celle-ci est confrontée au silence et à l’inertie au sujet d’une véritable affaire dans laquelle seul un éveil médiatique, auquel participe BFMTV, constitue un espoir pour le professeur gay.

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