La Clau
Record de migrants algériens en Pays Catalan : chiffres et absurdités

L’afflux d’immigrés maghrébins s’est accentué cette année 2021 en Pays Catalan, selon les observations oculaires et empiriques des habitants frontaliers, corroborées par les chiffres de la Police aux frontières (PAF). Celle-ci a interpellé plus de 70 passeurs en septembre et octobre cumulés, contre une dizaine par mois. Comme pour les saisies de drogue, les chiffres sont une partie du phénomène, car les autorités ne peuvent intercepter 100 % des entrées, à moins de bafouer 100% des règles européennes.

La source est bien plus au Sud

Sa nationalisation dénature le sujet, dont la source est située à 600 km plus au sud, à nos frontières continentales : au sud de l’Espagne, cette année, 10 000 Algériens sont entrés illégalement en Europe, dans notre espace politique et culturel, soit 20% de plus qu’en 2020. La plupart vise la France, en raison des liens post-coloniaux. Ce chiffre de 10 000, fourni par le gouvernement espagnol, exclut les personnes qui ont échappé aux autorités.
Les migrants algériens déboursent de 2 000 à 6000 euros pour traverser la mer, dans le cadre d’un trafic devenu un business industrialisé, contrôlé par des réseaux, selon le journal Jeune Afrique… édité à Paris. Tous les jours, plusieurs bateaux rapides (jusqu’à 300 chevaux) quittent les plages de l’ouest algérien vers les côtes espagnoles. Jeune Afrique croit savoir que ce business illégal à généré plus de 60 millions d’euros depuis janvier

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Le maire de Cerbère, Christian Grau, estime que “la situation s’aggrave, il n’y a pas vraiment de recours possible et cela devient très compliqué”. Selon une source syndicale, jusqu’à 60 candidats à l’immigration empruntent tous les jours les tunnels de la voie ferrée venue de Portbou. Le tabou entourant ce sujet, dans la crainte de suspicions de racisme ou de xénophobie, était levé dès le mois de mai dernier. Nous soulignions que la préfecture des Pyrénées-Orientales “se refuse à fournir des chiffres illustrant cette augmentation, palpable depuis 2020”.

Six mois plus tard, la “pression migratoire”, que l’on ne nommait pas il y a deux, trois et 10 ans, est reconnue par le préfet des Pyrénées-Orientales, Étienne Stoskopf, qui signale des “migrants venus du Maghreb, à 80 %, dont une forte proportion de ressortissants algériens”. Mais les chiffres actuels restent de façade, car depuis l’instauration de l’espace Schengen, en 1995, l’absence de frontières avait rendu caduc le concept d’immigration. L’ancien espace européen sans frontières a cédé le pas à un retour des filtrages, par crainte du terrorisme islamiste, c’est-à-dire musulman et le plus généralement arabe. Sans ambiguïtés, cette analyse apparaît en creux dans l’action publique.

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Dans l’immédiat, l’État, via la préfecture des Pyrénées-Orientales, ne prévoit pas de libérer les anciens passages frontaliers qui ont été obstrués en janvier 2020 au Col de Banyuls, au Col de la Manrella, à La Vignole et à Palau de Cerdagne. Le Perthus, Cerbère et Bourg-Madame, autrement plus sollicités, sont restés ouverts. Empêcher l’entrée de migrants est la raison de ces barrières, mais leur franchissement à pied reste un jeu d’enfant puisqu’il n’y a jamais eu de ligne Maginot entre les territoires français et espagnol suite à la partition de la Catalogne, en 1659.

L’étanchéification étant impossible, les fermetures frontalières restent des concepts administratifs. Ainsi, les migrants illégaux “invités à retourner en Espagne”, comme le stipule le préfet, peuvent naturellement entrer en territoire français dans la demi-heure, preuve que la Catalogne reste un territoire cohérent. Mais en réalité, le retour politique de certaines frontières hexagonales (un véritable régal pour l’extrême droite, la mouvance d’Éric Zemmour, Régis Debray et une partie de la gauche souverainiste française) est advenu dans un contexte particulier, politiquement grossi pour couper l’herbe sous les pieds au Rassemblement national (RN).

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