La Clau
Qui est Jacques Rançon, assassin de Mokhtaria Chaïb?

L’effervescence a marqué la place Arago de Perpignan, ce jeudi 16 octobre à 9h45, à l’arrivée, en véhicule de police banalisé, du principal suspect de l’affaire des disparues de la gare. La comparution de Jacques Rançon, dont l’identité est désormais connue, n’a pas tardé à déboucher sur la révélation de sa confession, en réalité effectuée dans la nuit. Ce Picard de 54 ans a avoué être l’auteur de l’enlèvement, du viol et de l’assassinat, dans des circonstances effroyables, de Moktharia Chaïb. Le 21 décembre 1997, cette étudiante de 19 ans avait été retrouvée morte, atrocement mutilée. A 13h30, ce jeudi, l’individu a été mis en examen pour « viol avec armes en récidive et assassinat », d’après le procureur de Perpignan, Achille Kiriakides. Il encourt la perpétuité, mais « cet homme est présumé innocent », a insisté le magistrat. Son avocat, Me Xavier Capelet, évoque pour Midi Libre une « personnalité (…) qui a d’ailleurs une dimension pathologique qui n’a pas été prise en compte, et il faudra savoir pourquoi ». Dans l’après-midi, l’homme au comportement monstreux, suscitant un soulagement de la famille, mêlé à une suspicion supplémentaire, a été placé en détention.

L’énigme des deux autres crimes

Jacques Rançon, magasinier au chômage à Perpignan, avait déjà été condamné pour viol et pour violences aggravées. Son aveu constitue une avancée majeure dans l’enquête, dont les volets concernant Tatiana Andújar, disparue en 1995 et Marie-Hélène-Gonzalez, violée et assassinée en 1998, sont abordés intensivement par la police judiciaire. Mais les ADN identifiés sur la zone du crime de ces deux jeunes femmes sont différents de celui de la première, qui appartient au Picard. Lorsque Tatiania a disparu, celui-ci purgeait une peine dans sa région.

Il assassine Mokhtaria deux mois après être sorti de prison

Jacques Rançon a été confondu par l’ADN retrouvé sur l’un des chaussures de Moktharia, puis intercepté mardi 14 octobre à son domicile du chemin de la poudrière, dans le secteur du Moyen-Vernet de Perpignan. Cet homme né en 1960 est issu d’une famille pauvre, dont tous les enfants ont été placés dans une famille d’accueil. Il a effectué un premier séjour en prison de 1992 à 1997, au motif du viol de son ex-femme, sous la menace d’une arme blanche. Marié en Picardie, père de deux enfants, il avait choisi le Pays Catalan, à sa libération, en septembre 1997, pour se reconstruire. Il a notamment effectué des missions au Marché Saint-Charles et s’est logé dans plusieurs hôtels de la ville. La découverte du corps mutilé de Mokhtaria Chaïb s’est produite seulement deux mois plus tard après son retour en société. Rançon figure sur la liste de quelque cent suspects interrogés en 2002, mais avant la création du Fichier National Automatisé des Empreintes Génétiques. Uni à Perpignan, en 2005, à une jeune femme de 17 ans, prénommée Lolita, puis père de deux nouveaux enfants, il s’est avéré violent avec cette compagne, qui l’a quitté en 2012. Il quittait souvent domicile, la nuit, pour rôder dans le quartier de la gare de Perpignan. Promis à un an de prison, en octobre 2013, pour « violences volontaires aggravées » sur son ex-compagne, il a recouvré la liberté en juillet dernier.

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