La Clau
L’intercommunalité en Pays Catalan, bridée par les intérêts politiques

Samedi 30 avril, le préfet des Pyrénées-Orientales, Jean-François Delage, a convoqué la Commission départementale de coopération intercommunale (CDCI), composée de maires, présidents d’intercommunalités, et représentants du Conseil Général et du Conseil Régional. A cette occasion a été présenté le Schéma départemental de coopération intercommunale (SDCI), base de travail pour la construction d’une carte des communautés de communes du Pays Catalan, attendue pour la fin de l’année, avant une solution définitive fin 2013. Cette mise en place très attendue est issue de la réforme des collectivités territoriales voulue par Nicolas Sarkozy, qui mettra en avant le couple commune-communautés de communes. Ce binôme gardera une certaine liberté d’action face au tandem département-région, avec en ligne de mire la métropolisation de la France.

La composition de la CDCI est représentative du territoire qui la compose, et instaure en Pays Catalan un certain équilibre entre élus de droite et de gauche, la majorité requise des deux tiers écartant théoriquement les intérêts partisans. Cependant, la carte proposée par l’État reflète davantage un consensus fondé sur une carte des partis politiques que sur l’intérêt de développement du territoire. En effet, s’il est logique que fusionnent les communautés de communes de Cerdagne et du Capcir, certains anachronismes ne sont dus qu’à la couleur politique de leurs élus. L’exemple le plus poignant est la persistance de la communauté de communes Salanque-Méditerranée, formée par Pia, Claira et Salses, au coeur de l’Agglomération Perpignan-Méditerranée, due à la proximité socialistes des maires de ces trois communes, Guy Parès, Joseph Puig et Jean-Jacques Lopez.

Un autre point chaud est le secteur du Sud du Roussillon, autour des villes d’Elne et Saint Cyprien. Nicolas Garcia, maire de la première, se réjouit de son intégration à la Communauté Albères-Côte Vermeille, pour former un pôle fort de gauche autour d’Argelès. Mais cette stratégie n’est pas acceptable pour 6 maires voisins, notamment Thierry de Poso, premier magistrat de Saint-Cyprien et membre du Nouveau Centre, qui maintient la communauté Sud-Roussillon, ridiculement coincée entre l’ogre de droite Perpignan-Méditerranée, et l’ogre de gauche Albères-Côte Vermeille. Loin d’un débat territorial de cohérence, basé sur le développement des territoires, parfois dissimulé sous les discours sur la fiscalité ou la gestion des ordures ménagères, l’émergence forte des communautés de communes, et leurs emplois publics à la clé, semblent tenir la corde.

Ailleurs en France, d’autres communes et d’autres régions s’engagent résolument sur la voie de la métropolisation, contenue dans la réforme. Sur le schéma, la coopération est déjà en place dans le Gard, entre les communautés de Nîmes et d’Alès, bientôt jointes à Montpellier, voire Avignon, pour constituer un pôle métropolitain. Mais l’inéluctable débat sur une métropolisation qui pourrait s’étendre jusqu’au Grand Narbonne, n’affleure pas dans les Pyrénées-Orientales, alors même que la réforme prévoit, selon la loi du 16 décembre 2010, la possibilité d’y intégrer des établissements publics de coopération intercommunale avec d’autres Etats européens. Ce dispositif légal ouvre la voie vers une coopération transfrontalière réelle, qui comporterait une ouverture au Sud, visiblement aussi difficile qu’une ouverture au Nord, imaginée depuis un Pays Catalan décidément très insulaire.

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