L’hommage au général Bigeard prévu par la mairie de Banyuls devrait avoir lieu avec toute l’envergure précédemment annoncée. Lors du conseil municipal du 26 avril, le maire UMP, Jean Rède, a obtenu d’une courte majorité l’attribution du nom du militaire français rattaché aux guerres coloniales, au rond-point de l’entrée Sud de la ville. Révélée par La Clau et largement relayée sur Internet, une « affaire Bigeard » a été déclenchée, jusqu’à atteindre l’Agence France Presse, mercredi.
Sous la pression médiatique, face à un début de fracture au sein de la population, et le succès d’une pétition signée par 500 personnes, le préfet des Pyrénées-Orientales, Jean-François Delage s’intéresse désormais au sujet, dans les limites du possible. En effet, la figure du général Marcel Bigeard reste double : lors de son décès, en juin 2010, le journal Le Figaro publiait un article flatteur, le journal Le Monde se montrait plus neutre, tandis que le site Internet engage Rue89 évoquait la vision de la torture exprimée par le défunt. Mais surtout, le statut de héros national du combattant, décoré de la Légion d’honneur et de la Croix de guerre, député UDF et secrétaire d’Etat à la Défense sous Valéry Giscard d’Estaing, a été revalidé. Il y a moins d’un an, Nicolas Sarkozy saluait ainsi un «très grand soldat», incarnant «pour les Français, la figure héroïque du combattant», tandis que le ministère de la Défense renforçait l’appui de l’État.
La procédure en cours, entre la parfaite légalité d’un hommage et sa moralité complexe, ne devrait pas entraver le projet d’inauguration du rond-point désormais célèbre, qui ne comportera pas de statut à l’effigie du général Bigeard. Contrairement à certaines informations diffusées sur Internet, l’hommage comportera plusieurs statues abstraites dont un parachute en bronze, pour un coût de 7000 euros, validé par le 21 mars par le conseil municipal de Banyuls. Conséquence du climat tendu, un vandalisme perpétré sur le giratoire de la discorde est devenu probable.