La Clau
Les Gitans de Perpignan, considérés comme des objets

En proie à des difficultés financières et de management depuis plusieurs mois, l’hebdomadaire Le Petit Journal Catalan, édité à Perpignan, profite d’une étrange opportunité. Le 14 août, ce média centralisé à Montauban a publié un reportage intitulé « A quoi servent les gitans (sic) de Perpignan ? ». Ce titre dépasse le racisme, car les intéressés deviennent des objets, auxquels la majuscule n’est pas accordée. Trois pages d’enquête abordent les modes de vie et le rapport au reste de la société propres à la communauté gitane de Perpignan. Délinquance ou place des femmes, la critique dépasse les vertus. Très soudée et solidaire, la cible visée est pourtant peu médiatique dans son organisation, contrairement aux communautés, juive, musulmane ou encore pied-noir. La Ligue des Droits de l’Homme proteste, mais la riposte judiciaire est incertaine. Portée par cette organisation, elle relèverait d’une délégation de responsabilité. Ce jeudi 20 août, une plainte pour «discrimination» a été déposée contre la publication par Joseph Saadna, président du Comité d’Animation de la Place du Puig, située dans le quartier Saint-Jacques.

Guerre interne au Petit Journal

Ce reportage de bureau a été rédigé par un journaliste, sur la base de contenus de radio et télévision, en marge de la rédaction des Pyrénées-Orientales. L’auteur est le seul non gréviste dans le cadre d’un mouvement entamé en mai par la rédaction du Petit Journal. Le désordre interne est manifeste, car l’édition catalane est directement pilotée par la maison-mère, à distance. L’équipe historique et ses 38 correspondants sont privés de papier mais agissent sur Facebook, pour décrire leur «honte» de «l’édition pirate» du 14 août, fabriquée «à 100 %» depuis Montauban. Ces rédacteurs sans support exigent le retrait de la vente numéro polémique, qui profite d’une publicité offerte par l’Agence France Presse (AFP), Europe 1, TF1, Le Point, l’Obs, France Télévisions, L’Indépendant, Midi Libre et désormais La Clau.

Des gens d’ici depuis 600 ans, assujettis depuis 40 ans

A Perpignan, la présence de Gitans sédentaires est avérée depuis le XVe siècle et pétrit depuis l’identité de la ville. Environ 16.000 personnes de culture gitane habitent les quartiers Saint-Jacques, le Vernet et le Nouveau Logis. En mai dernier, un comparatif nous permettrait de constater à Saint-Jacques un revenu média de Saint-Jacques inférieur à celui du Congo. Cette situation née de l’assujettissement individuel issu des dispositifs d’Etat, selon une spécialité toute française, s’est développée depuis les années 1970. A l’échelle municipale et départementale pour les Pyrénées-Orientales, envers les citoyens français de culture gitane, les convoitises et flatteries à vocation électoraliste, de gauche, de droite et d’extrême droite, constituent une tradition à peine voilée. Mais la pratique de la langue catalane, par cette population dont certains membres emploient un français précaire, révèle une légitimité territoriale à toute épreuve un profond enracinement.

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