Le meeting de Carles Puigdemont, ce samedi 29 février face au parc des expositions de Perpignan, a ses chiffres vertigineux. Jusqu’à 100 000 participants, 10 000 voitures particulières, 550 autocars, 450 camping-cars, des hôtels saturés, un service sanitaire, d’alimentation, d’hydratation et de guidage de la foule font partie des éléments du dispositif. Le 130e président du gouvernement catalan, fondateur de l’Agence Catalane d’Informations (ACN), embryon étatique s’il en est, est un expert de la communication contemporaine. Il espère provoquer un battage médiatique international, mais cet « acte de Perpinyà », comme le nommé la presse sud-catalane, est autre chose qu’une grande fête, selon l’image qu’il projette déjà en Catalogne du Nord.
Le choc des contextes électoraux
Le 29 février, qui constitue déjà information majeure dans l’ensemble de l’Espagne, se veut la première étape d’un renouveau souverainiste catalan pour l’année 2020. Au delà de sa logistique inédite pour le Roussillon, cette grande réunion illustre un télescopage de calendrier électoraux, car la Catalogne du Sud n’est pas du tout en campagne municipale. Mais elle vivra ses élections générales dans l’année. Or, un sondage publié début février par le journal La Razón place à 19,5% la formation de C. Puigdemont, Junts per Catalunya / Parti Démocrate., le gâteau indépendantiste étant principalement partagé avec la Gauche Républicaine de Catalogne (ERC), à 21%. C. Puigdemont, représentant d’un centre-droit qui souhaite un « pays Catalogne » et non plus une « région Catalogne », n’a pas choisi Perpignan au hasard, car il y a travaillé en tant que journaliste du journal El Punt, en 1987.
Dans un livre à paraître le 2 avril, intitulé « M’explico, de la investidura a l’exili » Je m’explique, de l’investiture à l’exil), C. Puigdemont retrace l’histoire récente de l’indépendantisme catalan et son choix de quitter le territoire pour éviter la prison. Cet ouvrage aborde l’avenir stratégique du souverainisme, dans toute sa dureté politique, selon une approche fortement décalée avec l’image véhiculée à Perpignan, sur simple fond d’héroïsme, de romantisme et d’identité finissante.