L’engagement de l’Espagne dans l’intervention militaire actuelle en Libye est bien moindre que celle du Royaume-Uni ou de la France. Mais il y a tout juste 7 ans, l’Espagne a subi son 11 septembre, lors des attentats madrilènes du 11 mars 2004, perpétrés par Al-Qaïda et soldés par 191 victimes. Cet acte terroriste avait alors paru lié à l’atlantisme du chef du gouvernement espagnol d’alors, José María Aznar, en particulier lors de la guerre en Irak de 2003. Ce jeudi, les propos « l’Espagne aura son 11 mars. Que Dieu ne le veuille pas« , écrits par Abdennur Prado, président de l’Assemblée des Musulmans de Catalogne, sur le site Webislam, ont ému la Catalogne et l’Espagne. Ils sont cependant à situer dans un contexte d’empathie envers les victimes présentes ou à venir en Libye. D’ailleurs la phrase suivante est sans équivoque : « Peut-être ni aujourd’hui, ni demain, peut-être dans l’autre vie, peut-être seulement dans l’esprit de la mère d’un garçon blessé, peut-être dans le cauchemar du pilote qui lance les missiles, peut-être seulement dans la colère contenue de tant et tant« .
Selon M. Adennur, chaque bombe qui atteint le sol libyen est un nouvel 11 mars en soi. Ces mots durs, à l’image du conflit, peuvent résonner comme une injustice, au regard du sort réservé à une grande partie du peuple libyen par le Colonel Kadhafi. Face à la complexité de nos sociétés, la citation des terribles attentats de 2004, relativement oubliés dans le reste de l’Union Européenne, est une vraie maladresse, qui vaut à son auteur une avalanche de commentaires islamophobes. Le texte a d’ailleurs été retiré du site, ce même jeudi après-midi, tandis que son auteur en précisait la teneur, dans un préambule, sur son blog personnel.
