L’artiste Jordi Barre est décédé ce mercredi soir vers 20h00 à son domicile, dans la commune de Ponteilla, entouré des siens. Souffrant depuis de longs mois, le chanteur adulé par la grande majorité des Catalans du Nord était né à Argelès en 1920, d’une mère catalane et d’un père languedocien. Sa très longue carrière, qui avait débuté dans le Perpignan des années 1930, a épousé savamment toutes les périodes, des revues jalonnées de séquence de danse, musique et humour, jusqu’aux petits spectacles de villages, parfois bénévolement. Né Georges Barre, le chanteur était entré en 1933 comme ouvrier au journal L’Indépendant de Perpignan, tout en perfectionnant son approche de la scène.

Initié au violon dès l’âge de 4 ans, sur un petit instrument en fer offert par son père, il avait tour à tour appris le violoncelle, les claquettes, la danse, puis la chanson, avant de faire danser des dizaines de milliers d’habitants des Pyrénées-Orientales, en formule d’orchestre de bal, notamment aux côtés du contrebassiste Armand Samso. Après plus de 30 ans passés à la direction de ces formations, la rencontre de Georges Barre avec le sud-catalan Esteve Albert a révélé à l’artiste son identité catalane, qui a pu ainsi s’inventer une seconde vie, dès 1963, en enregistrant un premier 45 tours en catalan, « Canta Perpinyà », grâce au soutien de la maison de disques barcelonaise Edigsa.

Le nom de « Jordi Barre » ne s’est imposé en Catalogne du Nord que dans les années 1980, tandis que sa personnalité d’artiste était progressivement oubliée en Catalogne du Sud. Auteur de plus de 200 chansons disponibles sur une vingtaine d’albums, et de tournées en Angleterre, au Japon et en France, Jordi Barre s’était offert l’Olympia de Paris, en 1983, suite à une intense campagne en sa faveur menée par l’association des Cadres Catalans de la ville. Dans les années 2000, Jordi Barre a enregistré de nombreux duos, en compagnie des jeunes chanteurs nord-catalans Cali, Joan-Llorenç Solé et R-Can, après avoir nourri le répertoire classique de la chanson nord-catalane.

Ses plus grandes chansons ont cependant été enregistrées auparavant : « Toquen les hores » et le monument « Tant com me quedarà », sur des paroles du poète Joan Cayrol, et « Crec », sur un texte de Joan Amade, ont été popularisées dans les années 1980, avant « Amb la força de l’amor », écrite dans les années 1990 par Joan Tocabens. Ces compositions témoignent d’un souci d’évoquer les peines et les joies de notre temps, dans une jeunesse éternelle que ce grand homme multi-facettes, espiègle dans la vie, émotionnel sur scène, aura inscrites dans la culture catalane du XXe siècle.

Obsèques ce samedi

Les obsèques de Jordi Barre se dérouleront en la cathédrale Saint-Jean de Perpignan, ce samedi à partir de 9h30. En raison d’une affluence prévisible, la mairie, en concertation avec l’Évêché de Perpignan-Elne, prévoit une sonorisation de la place Gambetta, où les admirateurs de l’artiste, autant ceux qui ont connu « Georges » que « Jordi » Barre, sont attendus. Une chapelle ardente sera ouverte ce vendredi de 10h à 19h en la chapelle de la Funeraria, attenante au Campo Santo, où un registre de condoléances sera mis à la disposition du public. En outre, le drapeau aux quatre barres présent au sommet du Castillet a été mis en berne ce jeudi matin.

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