La Clau
La « Via catalana » alerte le monde

La « Voie Catalane » de ce mercredi 11 septembre, vouée à sensibiliser l’opinion publique internationale sur le désir d’indépendance catalan, a touché son but. Cet événement historique s’inspirait de la « Voie Balte » du 23 août en 1989, étalée sur les 550 km séparant Tallin, en Estonie, à Vilnius, en Lituanie. Développée sur plus de 400 km, des abords du Boulou, en Roussillon, jusqu’à la Communauté autonome de Valence, elle a mobilisé 1,6 million de souverainistes, après des manifestations semblables organisées dans plus d’une centaine de ville du monde. L’Assemblée Nationale Catalane (ANC), organisation apolitique fondée en 2011 en vue de la création d’un Etat catalan membre de l’Union européenne, a réussi un pari osé, épaulée par 30.000 bénévoles, dont 5000 chargés de la logistique et la sécurité de cette chaîne humaine, en coordination avec la police catalane et les services de secours.

Un impact mondial extraordinaire, pour acculer Madrid

Cette « Catalan Way » a bénéficié de l’extraordinaire couverture de médias internationaux tels CNN, Fox News et Al Jazeera, le New York Times, le Financial Times, le Wall Street Journal ou encore The Guardian, France 24 et Euronews, ainsi que Der Spiegel, Radio Canada, Le Monde, Libération et Mediapart, parmi plusieurs centaines. L’impact est précieux pour le gouvernement catalan dirigé par Artur Mas, président du parti politique de centre-droit Convergence Démocratique de Catalogne (CDC). Car il s’agit d’alerter le monde, notamment les instances européennes, sur les difficultés rencontrées par le processus catalan face au gouvernement espagnol, qui réfute l’idée d’un référendum sur la question soulevée par Barcelone. Saisir l’échelle internationale pour influer sur l’échelle nationale espagnole est la stratégie déployée, avec en ligne de mire une consultation en 2014, ou des élections plébiscitaires. En préambule d’immense mobilisation du jour, M. Mas affirmait sans détours « Nous pouvons ouvrir les yeux au monde », avant d’argumenter sur une méthode qui n’est « ni celle des couteaux, no celle des baïonnettes ou des fusils, mais plutôt celle de la démocratie, du civisme, de l’esprit pacifique et de la démocratie ».

52 % pour l’indépendance catalane

En l’absence de procédure standardisée réservée à l’obtention de souveraineté, le cas catalan présenté à l’Espagne et à l’Union européenne est absolument inédit. Il comporte une donnée chiffrée complémentaires, car 52 % des habitants de Catalogne du Sud soutiennent l’indépendance, selon un sondage publié ce même 11 septembre par la station espagnole Cadena SER. Dans l’hypothèse d’une consultation sur cette question, le « non » n’attirerait que 24 %, tandis que 15,9 % des personnes interrogées doivent arrêter leur choix, pour seulement 7,7 % d’abstentionnistes. La « Voie Catalane » a permis de galvaniser une masse sociale de plus en plus déterminées à voir la Communauté autonome de Catalogne du Royaume d’Espagne devenir une entité étatique républicaine. Elle a reçu les critiques du gouvernement espagnol, dont la vice-présidente, Soraya Sáenz de Santamaría, avertissait M. Mas du risque de voir la société catalane « se diviser » ou « se séparer », avant de recommander d’éviter de « créer des conflits ».

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