La Clau
La Bressola est le caillou dans la chaussure de Louis Aliot

Joyeuse, optimiste, 3.0., une foule inespérée a battu le goudron perpignanais ce samedi 23 octobre, premier jour des vacances enfantines. Plus de 2500 manifestants ont répondu “présent” pour soutenir le projet du collège-lycée Antigó envisagé par le réseau d’écoles catalanes la Bressola, refusé par la mairie d’extrême droite dirigée par Louis Aliot. Cette mobilisation extraordinaire, au départ de la Place de Catalogne, a comporté une large majorité de personnes non-politisées, animées par la seule envie de voir la diffusion de la culture et de la langue catalanes assurées pour l’avenir.

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Les parents et anciens parents d’élèves scolarisés par la Bressola ont constitué une partie des effectifs. Le long cortège a également plus généralement les modernes, conscients qu’un modèle d’enseignement immersif et de qualité, associatif, laïque et universel, constitue une alternative efficace à un enseignement public dont les failles sont devenues criantes.

45 ans d’enseignement contre 1 an de mandat

Les ambigüités du dossier ne manquent pas, de part et d’autre, car la mairie a préempté le monastère de Sainte-Claire (convoité par la Bressola dans un projet idéal de requalification des lieux), tandis que l’école, dans ses démarches d’acquisition des lieux, a eu la maladresse de se présenter sous l’intitulé d’une personne morale et non de l’association dédiée, déclarée le 19 mai 1976,en préfecture des Pyrénées-Orientales, avec pour objet succinct : “éducation et culture catalanes des enfants”.

N’empêche ce faux pas, 45 ans plus tard, le problème est de taille pour Louis Aliot, maire de Perpignan, membre du Rassemblement national, dont la direction nationale n’évoque jamais les langues françaises autochtones (catalan, basque, breton, corse, embarqués dans un vaisseau France guidé par le suprémacisme de la langue de Paris). L. Aliot se retrouve coincé entre le réel franco-catalan de la rue, à Perpignan, et le jacobinisme franco-français, monoculturel, distillé par le système médiatique parisien, en parfaite adéquation avec son parti.

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Pour montrer son amitié avec le système immersif, Louis Aliot argumente que certains de ses conseillers municipaux ont scolarisé leurs propres enfants à la Bressola. Mais au-delà, le voilà placé devant ses engagements. Voyant l’incendie venir, dans une lettre ouverte adressée vendredi 22 octobre aux parents de la Bressola, il dénoncé avec discernement la “polémique que certains dirigeants de l’association La Bressola ont voulu instaurer pour des raisons qui, à l’évidence, sont très éloignées de l’intérêt de vos enfants”. Surtout, il a affirmé aux responsables de l’association qu’il est “ouvert au principe même de ce projet” de collège-lycée.

Malentendu, distorsions d’informations, spéculation de la presse militante ? Louis Aliot, acculé par la rue, et la Bressola, qui ne doit pas voir en Louis Aliot un ennemi de la catalanité linguistique, sont placés devant une simple réalité prosaïque. Le monastère de Sainte-Claire, situé par l’État dans une zone classée en “risque élevé inondations”, doit-il évité par la Bressola, dans l’intérêt de celle-ci ? “L’enseignement du catalan a bien sûr toute sa place à Perpignan et nous devons trouver ensemble un lieu tout à fait adapté à l’ouverture d’un établissement de second degré”, souligne Louis Aliot. La France uniformisatrice deviendrait-elle soudainement plurielle, immigration à part ?

La rue a exprimé sa voix, la balle est dans le camp du premier magistrat, qui sait bien qu’un attachement à la France ne peut être étranger à enracinement concret, territorial ou “local” par nature. De quoi faire vaciller le centraliste inhérent à son parti.

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