En août 2012, la chanteuse et femme de combat Teresa Rebull, personnalité majeure de la lutte contre la dictature de Franco, adressait une demande de « libre enseignement » du catalan au Président de la République. L’artiste membre du Parti Socialiste, établie à Banyuls-sur-mer, prenait au mot François Hollande, déclaré favorable, en avril 2012, à la ratification par la France de la Charte européenne des langues régionales et minoritaires, « sans menace pour la langue française ». Cette requête a reçu sa réponse début juillet 2013, de la main du chef de cabinet du Président, Pierre Besnard, selon lequel M. Hollande « porte une particulière attention à l’avenir et à la défense des langues régionales ». La missive assure que le chef de l’Etat, conformément à son « engagement de ratifier la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires », procédera à la « révision constitutionnelle » adéquate afin de « faire voter cette résolution ».
L’auteur du courrier a quitté ses fonctions et la Charte a été repoussée
Détail étonnant, Pierre Besnard, dont la lettre insiste à saluer le « dynamisme linguistique des régions », a été démis de ses fonctions à l’Elysée, dans la semaine du 17 juin, avant de devenir préfet des Hautes-Alpes, le 8 juillet. Sans relation de cause à effet, le courrier signé par cet ancien chef de cabinet de Jean-Pierre Bel, président du Sénat, faisait vraisemblablement partie d’un lot de parapheurs à traiter avant son départ. Par ailleurs, la ratification de la Charte européenne a été rendue impossible le 14 mars par un avis contraire du Conseil d’État. Le calendrier de la République n’a pas été porté dans son intégralité à la connaissance de l’actuel préfet, tandis que le 56e engagement de campagne du Président François Hollande reste sans effet. Sur cette lignée, en mars 1981, le candidat François Mitterrand défendait à Lorient un « statut des langues et cultures de France qui leur reconnaisse une existence réelle ».