La manifestation de la société civile organisée ce samedi à Barcelone s’est transformée en mobilisation quasi-immobile, forcée par la présence d’une marée humaine d’1,1 million de personnes, 1,5 million selon les organisateurs. Cet événement devait refuser la version du nouveau statut d’autonomie catalan de septembre 2005, édulcorée par le Tribunal Constitutionnel espagnol. Mais le concept de nation, refusé par l’Espagne, a pris le dessus, aux côtés de revendications pour la démocratie et l’indépendance. Le cortège, extrêmement dense, étendu sur l’ensemble des avenues Passeig de Gràcia et Gran Via, a notamment accueilli tous les présidents catalans élus depuis la fin du franquisme, et toutes les forces syndicales et politiques majoritaires. Cette expression populaire, qui sera gravée dans l’histoire catalane, espagnole et européenne, fait écho à une autre. Le 11 septembre 1977, un million d’habitants de Catalogne avaient réclamé, également à Barcelone, un statut d’autonomie. Celui-ci, démocratiquement approuvé en 1979, avait succédé au précédent, validé en 1932, mais annihilé par la guerre civile espagnole et le régime totalitaire du général Franco. Assurément, le mouvement en marche en Catalogne du sud inquiète le sommet de l’Etat espagnol, face à l’évidence qu’un lien s’est rompu, ce samedi, entre la Catalogne et l’Espagne.
