La Clau
Un vent anti-européen souffle sur le Roussillon

La défiance des Pyrénées-Orientales envers l’Union européenne, exprimée à hauteur de 54,77% lors du référendum de 1992 sur le traité de Maastricht, puis à 64,53% sur celui réservé en 2015 au Traité Constitutionnel, prend une nouvelle forme en 2014. Redevenu transfrontalier, le Pays Catalan vit une réalité pratique et non théorique, justifiant la conférence « L’Europe : danger ou opportunité pour nos entreprises ? ». A un mois des élections européennes, ce rendez-vous proposé jeudi 24 avril par la CGPME au Château Cap de Fouste de Villeneuve de la Raho intervient « dans un moment particulièrement difficile », assure Myriam Subiros, présidente départementale du syndicat patronal. Les candidats des listes souverainistes Debout la République et Front National, aux côtés du Modem-UDI, du Parti Socialiste, de l’UMP et des Verts, sont conviés à s’exprimer.

Le Parti de Gauche n’élude pas le retour du Franc

Le parti de Jean-Luc Mélenchon intervient également dans le débat, par un communiqué du 18 avril, que son coordinateur dans les Pyrénées-Orientales, Francis Daspe, titre « Le Front de Gauche met l’Euro en question ». Il organise une réunion dédiée, le même jeudi 24 avril, salle des Libertés à Perpignan, en présence de René Revol, membre du Bureau National du Parti de Gauche (PG), agrégé de Sciences économiques et sociales. Sans basculer dans le slogan « Vive le franc national » cher à l’extrême droite de 2002, la gauche souverainiste incarnée par le PG pose des questions suggestives : « La politique monétaire de la Banque centrale européenne joue-t-elle contre l’emploi et la croissance ? », « Faut-il sortir de l’Euro ? » ou encore « Le peuple est-il dépossédé de sa souveraineté en matière monétaire ? ».

L’eurodéputée Sanchez-Schmid et le député Cresta rassurent

Les interrogations eurosceptiques pénètrent les partis politiques majoritaires, mais n’en lézardent pas ouvertement les directions. Ainsi, au sein du Parti Socialiste, le député Jacques Cresta s’est félicité, ce 18 avril, du vote européen de l’avant-veille sur l’amélioration de l’application de la directive européenne sur le détachement des travailleurs. En Roussillon et dans la région montagneuse de la Cerdagne, ce dispositif induit la présence de salariés de nationalité espagnole, notamment sur les chantiers de BTP. Mais à l’inverse, le manque de compétitivité des ouvriers des Pyrénées-Orientales empêche leur emploi à Figueres ou Barcelone, l’Europe devenant ainsi à sens unique. Sur cet aspect criant, la députée européenne UMP Marie-Thérèse Sanchez-Schmid indiquait lors du vote « La concurrence déloyale entre travailleurs est mortifère dans les zones frontalières, comme dans ma région à la frontière de l’Espagne ». La conseillère municipale de Perpignan, européenne indéfectible, n’abonde pas vers les ligues de l’anti-Europe, mais se résout à souligner la réalité.

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