La Clau
Perpignan: silence institutionnel sur la région Toulouse-Montpellier

Ce vendredi 31 juillet, le conseil des ministres a octroyé à Toulouse le statut de capitale de la future grande région Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon. A Carcassonne, le préfet de région Midi-Pyrénées, Pascal Mailhos, a annoncé le maintien à Montpellier de 5 directions régionales de services de l’Etat sur 11. Cette ville gardera ainsi son rectorat, son Agence Régionale de la Santé, ses services d’Etat consacrés à la Culture, à la Jeunesse et aux sports, ainsi que la chambre des comptes. Mais Toulouse aura l’exclusivité des directions de la Direccte, chargée de l’emploi, de l’Insee, pour les statistiques, de la Dreal pour l’aménagement du territoire et l’environnement, de la Draaf pour l’alimentation et l’agriculture, ainsi que de la DRFIP, pour les finances. En début d’après-midi, le député socialiste des Pyrénées-Orientales Jacques Cresta nous exprimait son satisfecit, pour Montpellier : «L’union des régions Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon respectera l’équilibre auquel nous tenions». Il évoquait une formule «équilibrée» mais affirmait «faire respecter les autres pôles régionaux, comme celui de Perpignan».

Les Pyrénées-Orientales deviendraient un «simple canton»

A Perpignan, le silence radio est troublé par deux réactions politiques. Convergence Démocratique de Catalogne (CDC) estime que le processus territorial «transforme le Pays Catalan en simple canton», par «jacobinisme régional». Le parti centriste n’est pas tendre avec Montpellier : «en 10 ans, le Languedoc-Roussillon a renforcé les universités et centres de recherches de Montpellier à coups de dizaines de millions d’euros obtenus de l’Etat, sans partage. La préférence pour Sète et La Nouvelle a enfoncé le port de Port-Vendres, et l’aéroport de Perpignan a été déclassé». Avant d’appeler à une parole territoriale «unie», CDC constate amèrement l’absence de réactions : «Où sont le Conseil départemental des Pyrénées-Orientales et le maire de Perpignan ? Où sont passées l’Agglomération Perpignan Méditerranée et l’Association des Maires et Adjoints des Pyrénées-Orientales ?».

Pour sa part, la fédération de Debout la France (DLF 66) emploie la métaphore bouchère : «Montpellier a saigné Perpignan, Toulouse-Montpellier va la dépecer». La formation souverainiste condamne les élus «carpettes» des Pyrénées-Orientales, dont «pas un seul ne se manifeste pour réclamer une égalité de traitement, pour dénoncer le duopole des métropoles qui enfonce de plus en plus les autres départements». Comme Europe Ecologie – Les Verts, DLF66 défend un statut particulier pour les Pyrénées-Orientales, gage d’une «démocratie moderne».

Le FN Louis Aliot réclame des compétences pour Perpignan

La réforme à venir interpelle aussi Louis Aliot, chef de l’opposition Front National à la mairie de Perpignan et candidat aux élections régionales de la grande région visée. Dans un communiqué, l’intéressé se positionne en tant que futur président : «je rééquilibrerai les pouvoirs au sein de cette grande région en octroyant des compétences à des bassins de vie importants totalement absents de ces négociations de marchands de tapis, à l’exemple du Roussillon/Pays Catalan, grand perdant de cette réforme et pourtant en grande difficulté économique et sociale». M. Aliot, estimant que Toulouse et Montpellier «se sont partagé les compétences sans souci de l’équilibre territorial et sans respect des identités locales», exige que les compétences maritimes, viticoles et liées aux énergies renouvelables soient octroyées à «Perpignan-Roussillon». Il propose que les vastes vides bureaux du bâtiment El Centre del Món, attenant à la gare TGV de Perpignan, soient affectés à ces nouveaux services.

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