La Clau
Perpignan: le 1er tour des cantonales prépare les municipales de 2014

Les élections cantonales de mars 2011 en France sont les dernières de l’ancien système électoral. Dans les Pyrénées-Orientales, leur premier tour a comporté une perte de 32% du nombre de suffrages exprimés envers la droite classique par rapport à 2004, tandis que le Front National est passé de 14.700 à 17.400 voix. Alors que la gauche a peu évolué en pourcentage, Europe Ecologie a multiplié ses voix par 2,3. C’est bien vers un changement important de l’expression de la démocratie française vers lequel tend la récente réforme des collectivités territoriales, après la mise en place du quinquennat présidentiel et de l’inversion de calendrier entre présidentielles et législatives. Ainsi, deux années politiques majeures se dessinent, la nationale, 2012, et l’élection du Président de la République et des députés, puis 2014, et la locale-régionale, qui suppose l’élection des « conseillers territoriaux », qui siègeront au Conseil Général de chaque département et au Conseil Régional. Cette même année interviendront enfin des élections municipales, avec des conseillers municipaux choisis pour siéger dans les commune, mais aussi dans les conseils de communautés d’agglomération.

A ce titre, le scrutin cantonal de 2011 n’apporte aucun changement majeur, le grand gagnant étant le parti de l’abstention, de près de 50% en Pays Catalan, pour une élection partielle, car les conseils généraux sont renouvelés de moitié. Ce qui n’est pas propice à créer une dynamique de projet politique, à l’image d’une présidentielle ou d’une législative, aucun changement n’étant assuré en cas de victoire. Ce fait même a empêché toute émergence médiatique, dans une actualité occupée par la catastrophe de Fukushima et l’intervention militaire en Lybie. Le seul enseignement de ces élections dans les Pyrénées-Orientales semble être la vérification de la mise en place des forces, avant le grand bal électoral de 2012 et 2014. Les élections de 2014 seront ainsi celles de véritables projets locaux, propres à mobiliser les foules et les médias.

Dans ce contexte, le Pays Catalan voit trois forces émerger pour 2012 et 2014, alors que la « bataille de Perpignan » s’annonce sévère : d’un côté l’avènement du new Front National, aujourd’hui plus acceptable dans le discours, autour du n°2 du parti, Louis Aliot, le système socialiste régional construit par feu Georges Frêche, qui ne s’éffrite pas, et un pôle centre-droit, autour du parti radical de Jean-Paul Alduy, gagnant sur la droite locale la plus dure, à l’image de la fronde du radical Jean-Louis Borloo face à l’UMP chassant sur les terres du FN. Aucune troisième dite « républicaine » n’émerge dans le territoire.

D’ores et déjà, les municipales à Perpignan, et l’énorme enjeu du contrôle de l’agglomération Perpignan-Méditerranée, qui commande à une grande partie de la plaine du Roussillon, attise toutes les convoitises. Sur les cinq cantons renouvelables de la ville de Perpignan, le Front National arrive en tête dans deux, et en seconde position dans deux autres. Cette forte poussée est notamment donnée par la présence d’une pointure nationale du parti, et une dynamique positive : les futurs trouble-fête annoncés de la présidentielle de 2012 pourraient être décisifs à Perpignan en 2014, et, cette fois-ci, avec des électeurs décomplexés. Ceux-ci préfèrent et préféreront l’original à la copie, à l’exemple du canton IX de Perpignan, dans le quartier du Bas-Vernet, où le très droitier Jean-Louis de Noell, UMP et ancien du FN, arrive en 3ème position derrière la candidate socialiste et surtout le FN Louis Aliot, grand gagnant, avec le double de voix que le contre-feu de la droite. C’est manifestement d’une autre stratégie dont aura besoin la droite catalane pour conserver la mairie de Perpignan et le contrôle de l’agglomération du Roussillon.

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