La conseillère municipale perpignanaise Clotilde Ripoull, ex-membre du Mouvement Démocrate, a fait l’objet, ce lundi matin à Barcelone, d’un étrange parrainage, en s’entretenant avec le président catalan, Artur Mas. Les rares connaisseurs de la vie politique des Pyrénées-Orientales et de la Catalogne du Sud à la fois s’étonnent déjà de cette rencontre surréaliste, dont les interrogations induites restent sans réponse. Cet adoubement présente en effet un caractère étrange en vertu du profil de la conseillère municipale, éloignée du nationalisme catalan du parti de M. Mas, Convergence Démocratique de Catalogne (CDC), dont le futur secrétaire général, Oriol Pujol, se déclare ouvertement favorable à l’indépendance. Issu d’un paysage politique perpignanais qui rend propices d’improbables combinaisons de couleurs, inimaginables dans les capitales, ce baptême devrait surtout obscurcir les relations entre la mairie à majorité UMP de Perpignan et l’Agglomération Perpignan-Méditerranée, face au gouvernement de Catalogne.
Ce nouveau rapport, éventuellement prémédité, selon une stratégie inconnue, peut faire pâlir les politologues, d’autant qu’à la faveur de la distance, les distorsions de perception sont traditionnelles entre les deux versants des Pyrénées. La défiance et l’incompréhension deviennent ainsi réelles, compte tenu de rancoeurs de Mme Ripoull envers le président de l’Agglomération Perpignan-Méditerranée et membre du Parti Radical, Jean-Paul Alduy, exprimées depuis le milieu des années 2000. A l’heure de l’ouverture européenne, ce parrainage, qui devrait créer des tensions entre les deux portions de la Catalogne, produit une géopolitique inédite entre la Catalogne du Nord et la Catalogne du Sud, la droite nord-catalane se retrouvant opposée à la droite sud-catalane, alors même que les dirigeants de CDC de la province de Girona entretiennent de bonnes relations avec le Parti Radical, en Roussillon, jusqu’en Languedoc.
