Le président catalan Artur Mas a tenu ce jeudi à Bruxelles sa première réunion de travail à l’étranger, en compagnie du président de la Commission Européenne (CE), José Manuel Durao Barroso. Cet entretien, qui révèle le degré d’initiative endossé par la Catalogne en matière internationale et communautaire, a porté essentiellement sur ses finances. Soucieux de convaincre les institutions européennes du fait que les 17 communautés autonomes espagnoles, la Catalogne en particulier, ne sont pas à la source de l’énorme déficit public espagnol, le nouveau leader souhaitait également « rendre son prestige » à la région-pays. Cette rencontre a été précédée de l’annonce, à Barcelone, selon laquelle le gouvernement catalan a établi des « conversations bien avancées » avec les banques La Caixa, Banco Santander et Banco Bilbao Vizcaya Argentaria. Cette négociation porte sur le financement, à hauteur de 1,5 milliard d’euros, de la dette du territoire, qui atteint la somme folle de 28 milliards. L’exécutif de M. Mas, qui espère une remise à niveau de 11 milliards en 2011, pointe du doigt le gouvernement précédent, à majorité socialiste, électoralement balayé en novembre dernier. Celui-ci, dépassé par les effets de la crise, a assisté impuissant à une augmentation de 3,9% du déficit public catalan pour l’ensemble de l’année 2010, selon les chiffres définitifs publiés en janvier.
Artur Mas, selon lequel la Catalogne a perdu de son prestige international, notamment économique, depuis l’accession au pouvoir d’une triparti de gauche en 2003, a tenté de rassurer M. Barroso. En ce sens, la promesse a été faite au président de la CE d’appliquer rigoureusement en Catalogne l’intégralité des économies budgétaires imposées par Bruxelles aux institutions territoriales espagnoles. Préalablement, le président catalan a effectué un passage dans les bureaux de la représentation gouvernementale de la Generalitat à Bruxelles, où il a exigé de la part du personnel des valeurs de « prestige, efficacité et catalanité ». Les observateurs de la vie politique européenne ne manquent pas de constater que les postes-clé de la politique étrangère catalane, à la faveur de l’alternance politique de novembre, ont débouché sur une volonté de prestance nouvelle. Le délégué de la Generalitat de Catalunya à Bruxelles est ainsi Juan Prat, il y a peu ambassadeur d’Espagne aux pays-bas. Depuis la décennie 1990, cette haute personnalité espagnole, par ailleurs catalane, a oeuvré aux côtés des premiers ministres José María Aznar et José Luis Rodríguez Zapatero.
