La Clau
Le père de la Catalogne moderne, Jordi Pujol, vote pour l’indépendance

La longue série de consultations populaires sur l’opportunité de doter la Catalogne d’un État, intégré à l’Union Européenne, comporte une date cruciale, à Barcelone. Le 10 avril, la capitale catalane pourra s’exprimer, comme l’on déjà fait 531 communes, dont la ville de Girona, en avril dernier. Ces référendums locaux et associatifs ont comporté à ce jour une participation de 18,32%, sur un nombre d’électeurs inscrits de 3,2 millions, pour un total de 7,5 millions d’habitants en Catalogne du Sud. Le « Oui » affiche un résultat de 92,72%, tandis que le non recueille 4,81%. Ce scrutin, proposé par des centaines de bénévoles, présente le défaut d’être relayé par des militants et des personnalités quasi-exclusivement rattachées aux divers courants indépendantistes catalans, ce qui lui ôte son caractère neutre. Mais sa valeur, symbolique à l’origine, tend à interpeller de plus en plus les décideurs, dont le pragmatisme renforcé par la crise place le débat de la souveraineté sur un terrain économique, ajouté aux préalables linguistiques, culturels et territoriaux.

Ce jeudi, ce processus a reçu le signe le plus fort depuis son avènement, par l’aveu de l’ancien Président catalan, Jordi Pujol, reconnu comme l’artisan de la réussite sud-catalane issue du XXe siècle, de sa participation au vote barcelonais. Une procédure par anticipation permet en effet de s’exprimer sur le sujet, avant le 10 avril. Chose surprenante, Jordi Pujol a voté pour l’indépendance, après 55 ans de vie politique consacrée à la reconstruction de la Catalogne du Sud, lors desquelles le sujet en question semblait étranger à sa génération. A 81 ans, le signe fort envoyé par cette personnalité, très respectée jusqu’à Madrid, signale une nouvelle étape, engagée par celui qui déclarait lors d’une conférence à Barcelone, ce mardi, n’avoir face à lui que des choix « résiduels » ou « d’indépendance ».

Unanimement reconnu comme réfléchi et mesuré, l’ancien Président a argumenté sa position, en décrivant son propre profil, catalan, mais « compatible avec le fait d’être Espagnol ». La suite de son intervention, prononcée face à une assemblée d’étudiants, devrait comporter des conséquences, car elle précise « Si l’Espagne refusait le fait catalan, je cesserais de me sentir espagnol ». La relation entre la Catalogne et l’Espagne, de plus en plus complexe et tendue, s’est illustrée par une manifestation gigantesque en faveur des droits catalans, le 10 juillet 2010 à Barcelone. Cet événement a fait suite à une série de coupes franches réalisées au mois de juin précédent, par la Cour Constitutionnelle espagnole, dans le statut d’autonomie catalane de 2005, approuvé par voie démocratique.

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