La Clau
Le Front National Louis Aliot savoure sa défaite à Perpignan

Battu ce dimanche par la candidate socialiste Toussainte Calabrèse, le principal artisan des nouvelles stratégies du Front National, Louis Aliot, est armé pour de prochaines batailles. Crédité de 1083 voix au premier tour des élections cantonales dans le canton de Perpignan 9, puis de 1597 voix au second, il a obtenu 46,24% des suffrages exprimés, tandis que sa concurrente a totalisé 53,76%. Cette progression ne s’est pas avérée suffisante pour le secrétaire général du parti d’extrême droite, parti qui a cependant placé deux conseillers généraux, sur l’ensemble du territoire français, dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. L’avocat installé à Perpignan, résidant à Millas, présenté communément par la presse parisienne comme le « compagnon de Marine Le Pen », tirait à boulets rouges sur les familles politiques du Pays Catalan, ce dimanche soir, en lançant « ce vieux front anti-républicain est terminé », sur les antennes de la station France Bleu Roussillon. M. Aliot, qui a néanmoins réussi une opération de séduction du quartier populaire de Vernet, accomplit le premier acte d’une pièce qu’il souhaite voir se poursuivre, avec en ligne de mire les élections municipales de la mairie de Perpignan, pour lesquelles il sera candidat. Auparavant surviendra l’élection présidentielle, avec la candidature de Marine Le Pen, virtuellement qualifiée au second tour, selon un tout nouveau sondage de l’institut Ipsos.

Le scrutin cantonal offre plusieurs angles de tir roussillonnais à Louis Aliot, à commencer par le litige opposant les candidats Pierre Parrat et Jean-Louis Chambon, respectivement candidats de l’UMP et du PS dans le canton tout aussi populaire, et multiculturel, de Saint-Jacques. Une influence sur l’électorat gitan, pointée par nombre d’observateurs, devrait constituer un boulevard d’évidences pour le candidat Aliot, adepte des frappes groupées envers ce que le Front National nomme « UMPS ». De la sorte, la défaite du Front National, parvenu au second tour dans six cantons des Pyrénées-Orientales, reste une victoire en termes de progression, dans les urnes et dans les possibles. Cependant, si la respectabilité recherchée par le parti de Marine Le Pen peut avoir progressé, aucune personnalité en vue en Pays Catalan ne s’est jamais ralliée à sa mouvance, à l’exception de Jean-Louis de Noell, candidat aux élections municipales de Perpignan, en 1995. Pour le FN, le palier supérieur serait une normalisation, fruit de la « dédiabolisation » entamée par Louis Aliot. Mais ce Front National-là reste encore improbable en Pays Catalan, où la structure sociale de « petit pays », où tout le monde se connaît, empêche la mise en avant de noms connus et reconnus. A ce titre, depuis 1989, l’intégralité des candidats frontistes aux municipales de Perpignan, hormis M. de Noell, étaient extérieurs au territoire. M. Aliot constituerait ainsi une nouvelle école, celle d’une légitimité acquise patiemment, à la faveur de scrutins et de déclarations aussi tonitruantes qu’accessibles.

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