La bataille classique entre l’écologie de bureau et le vécu territorial s’exprime entre un parti politique parisien et une plume reconnue en Pays Catalan. Dans une tribune parue le 1er février dans le magazine Le Point, le journaliste et écrivain catalan, actuel rédacteur en chef de l’hebdomadaire L’Agri, édité à Perpignan, visait Yannick Jadot. Il estimait que le candidat à la présidentielle et son parti, Europe Europe Écologie – Les Verts (EEVV), “continuent à dénigrer ceux qui tentent de protéger leurs cultures pour maintenir leur compétitivité et assurer, est-il nécessaire de le rappeler à ceux qui ont perdu le sens des priorités, l’autonomie alimentaire des Français”. Ancien maraîcher, ancien syndicaliste, J.P. Pelras accusait Y. Jadot de “diaboliser” le monde paysan en le rendant celui-ci responsable de désordres sanitaires, notamment des cancers d’enfants provoqués par l’agriculture industrielle, et en pointant du doigt la propagation de pesticides nocifs pour la santé humaine.
La compassion pour une ruralité “fière et digne”
Dans une réponse qu’elle nous adresse ce lundi 7 février, la fédération EELV – Pyrénées Catalanes insinue une intolérance du journaliste : “pour vous, monsieur Pelras, les écologistes n’ont pas leur mot à dire. Ils doivent se taire”. Son porte-parole, David Berrué, accuse J.P. Pelras de criminaliser l‘écologie politique majoritaire : “le problème n’est pas la viande provenant de l’élevage intensif mais ceux qui préconisent d’en manger moins pour en manger mieux, en se passant des importations de soja qui participent à la déforestation de la planète”. Il estime aussi que le problème “n’est pas l’agriculture conventionnelle, mais les alternatives en bio”, tout en avouant sa compassion pour une “ruralité fière et digne mais abandonnée, méprisée, stigmatisée”.
Dans ce dialogue par médias interposés s’expriment une certaine vision de la terre de quelque part et une certaine écologie venue du Nord, globaliste. Entre les deux parties, la conciliation semble impossible, car les usagers professionnels de la nature ressentent le risque d’être administrés par ceux qui ne le sont pas.