La Clau
Christian Bourquin, président du Languedoc-Roussillon le 10 novembre ?

La disparition brutale de Georges Frêche pose inévitablement la question de sa succession, qui peut concerner Christian Bourquin, dont le soutien de fer s’est illustré, ces dernière années, par une excuse intégrale de ses dérapages verbaux. L’actuel président du Conseil Général des Pyrénées-Orientales et vice-président de la Région Languedoc-Roussillon était probablement le favori de M. Frêche, qui déclarait à son sujet, le 7 janvier dernier « J’estime que le tour des Catalans est venu », en référence à l’avenir de son siège. Aujourd’hui âgé de 54 ans, Christian Bourquin a été repéré en 1977 par M. Frêche, alors maire de Montpellier. Simple ingénieur territorial, il a su gagner une confiance solide du mentor, avant de rentrer en mission de reconquête socialiste en Pays Catalan, en 1989. Georges Frêche a progressivement considéré son poulain comme son dauphin, en le dénommant, également le 7 janvier 2010, « âme de la gauche dans les P.O., et j’espère, un jour, en Languedoc-Roussillon ». Avouant une « amitié réelle » avec Christian Bourquin, il l’avait désigné premier vice-président régional lors de son premier mandat, en 2004, avant d’établir au printemps dernier une liste de vice-présidences visiblement égalitaire.

Ce lundi, Christian Bourquin analysait son propre sentiment sur son blog, en avouant « Avec Georges Frêche, c’est ma jeunesse qui s’en va », dans un pressenti de relais du patriarche, à assumer soudainement. Dans la suite des événements, une discussion est prévue ce jeudi entre les élus régionaux de gauche, en préparation de l’élection d’un nouveau président, en interne, le 10 novembre, selon une date à confirmer, à l’issue d’une campagne-express. Le prochain président du Languedoc-Roussillon disposera d’un mandat de 5 ans et 3 mois, peu ou prou comparable aux 6 années habituelles, dans une continuité des projets lancés par Georges Frêche. Mais en filigrane, l’accès d’un Catalan à la tête de l’institution n’est possible qu’à la condition que celui-ci ne le soit pas trop. Car les Pyrénées-Orientales constituent la minorité catalane, économique et culturelle, d’une région-capitale au substrat languedocien, dont l’identité est nettement plus diluée que celle du Roussillon. Ce dernier territoire, transfrontalier, de la sorte inscrit dans deux réalités distinctes, voire opposées, continue d’ailleurs de chercher sa place dans le « Languedoc-Roussillon » ainsi baptisé en 1972, en suggérant la greffe d’un appendice Sud, jamais complètement assimilé. Cette appartenance catalane, mise en sourdine à Montpellier bien que colorisée à Perpignan, détermine les chances de Christian Bourquin. Cependant, une certaine distance a été interprétée entre les deux hommes depuis plusieurs mois, notamment lorsque Georges Frêche, opéré de la hanche en mai, puis convalescent jusqu’à la rentrée, a confié son intérim à l’Héraultais François Delacroix, élu en 2010. Toutefois, en ce mois d’octobre, un signe contradictoire est fourni par le nouveau journal institutionnel « Le Sud », qui consacre une double-page à Christian Bourquin. Intitulé « Il puise sa force dans la nature », un article élogieux montre le président départemental dans une sorte de pré-campagne visant à rapproche l’électorat d’une personnalité qui lui ressemble. La version vidéo de ce portrait très humanisé a été incluse sur le site Internet de la Région.

Le concurrent probable du catalan fidèle est son aîné Damien Alary, strauss-khanien âgé de 59 ans, ancien député comme Christian Bourquin, et président du Conseil Général du Gard. Celui-ci dispose d’une personnalité plus consensuelle que son cadet, récemment fragilisé par l’échec de l’élection municipale de Saint-Estève, remportée par l’UMP Robert Vila, et une défiance envers la direction du parti, identique à celle du « bâtisseur » disparu, par effet de dominos. Le positionnement du PS devrait en outre influer sur la prochaine présidence, dans un à priori plus favorable à M. Alary, qui a eu l’habileté de garder le contact avec les instances parisiennes du parti, tout en sollicitant la réalité territoriale, aux 58 élus exclus pour appartenance au système Frêche. D’autres candidats pourraient encore se présenter, comme le maire audois de Gruissan, Didier Codorniou, et François Delacroix, à l’occasion d’un scrutin accidentel, que personne, sauf peut-être sa cause, n’avait anticipé. Enfin, la réintégration des exclus par le PS est symboliquement acquise, après la visite de François Hollande, ce mardi, à la chapelle ardente de Georges Frêche. Le 28 février 2006, alors secrétaire général, François Hollande avait écarté le cacique languedocien des instances nationales du parti, avant son exclusion, le 27 janvier 2007.

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