Le président de la Région Languedoc-Roussillon et sénateur socialiste Christian Bourquin est décédé ce lundi 25 août 2014 en soirée, à l’âge de 59 ans. Dans un communiqué transmis mardi 26 août à 13h06, la Région précise que l’élu est mort « au matin à l’hôpital Saint-Eloi de Montpellier des suites d’un cancer du rein. Il avait été admis au CHRU dimanche soir ». Ses obsèques se dérouleront ce vendredi 29 août dans sa commune de Millas, tandis qu’un espace de recueillement est désormais ouvert ce 26 août à partir de 17 heures à l’Hôtel de Région, à Montpellier. Malade depuis plusieurs années, l’ancien président du Conseil général des Pyrénées-Orientales avait rendu compte de sa situation en mars 2011. Successeur de Georges Frêche à la présidence de la région Languedoc-Roussillon, en octobre 2010, Christian Bourquin avait débuté sa vie élective au conseil municipal de Perpignan, de 1993 à 1995, avait de conquérir la mairie de Millas puis de ravir la président du Conseil général, en 1998. S’en était suivie une remise en forme des réseaux socialistes départementaux, comportant l’éviction de personnalités historiques, dont les anciens député Henri Sicre et Jean Codognès. Cette stratégie d’éradication a permis l’instauration d’une nouvelle architecture politique, consacrée par une importante montée en puissance de l’image du Conseil général. Le dernier combat de Christian Bourquin aura été la défense de la Région Languedoc-Roussillon en tant qu’entité administrative, contre l’avis du gouvernement. Son intérim a la Région est assuré par Robert Navarro, premier vice-président, avant l’élection interne d’un successeur, dans un délai d’un mois lors d’une session extraordinaire.

Une vie toute politique

Christian Bourquin, personnalité de la charnière des deux siècles en Pays Catalan, avait été formé dès 1973 à l’Ecole nationale supérieure des arts et industries de Strasbourg. Diplômé en ingénierie topographique en 1976, il avait alors adhéré au Parti socialiste et épousé Damienne Beffara, fille de François Beffara, maire et conseiller général socialiste de Millas. Stagiaire à la mairie de Montpellier en 1977, puis cadre territorial, il avait été largement façonné par Georges Frêche. Devenu premier secrétaire de la fédération socialiste des Pyrénées-Orientales en 1992, il était, jusqu’à son décès, le secrétaire de la section perpignanaise du parti de François Hollande. Candidat aux élections législatives de 1993 dans la 2e circonscription du territoire, qui regroupe une partie de Perpignan, le Conflent, la Cerdagne et le Capcir, il avait remporté en 1994 le siège de conseiller général du canton de Millas, avant de gagner la ville centre, à 82% des voix. Elu député de la 2e circonscription en 1997, contre l’UDF François Calvet, actuel président départemental de l’UMP, il avait quitté la mairie de Millas en 2001, au profit de son épouse. Perdant l’année suivante son siège de député face à François Calvet, il était devenu premier vice-président du conseil régional du Languedoc-Roussillon en 2004, dès la première élection de Georges Frêche. Reconnu comme opiniâtre et exigeant, parfois verbalement agressif, Christian Bourquin ne laissait pas indifférents ses admirateurs ni ses opposants. Admirateur de Jean Jaurès et de François Mitterrand, républicain acharné, ce personnage fondu dans la politique avait inscrit sa devise sur son bâton de marche « Catalan avant tout, Français par-dessus tout ». Né le 7 octobre 1954 à Saint-Féliu d’Amont, Christian Bourquin avait également occupé le poste d’ingénieur au service urbanisme de la Ville de Montpellier en 1979, puis de chargé de la gestion du sport, des écoles, de l’enfance et de la jeunesse dans la même ville, de 1982 à 1989. En 1989, il avait été promu directeur départemental de l’Office d’aménagement et de construction (Opac) des Pyrénées-Orientales, charge qu’il avait tenue jusqu’en 1994. En 2011, il avait été élu sénateur des Pyrénées-Orientales.

Réactions :

Le Président de la République, François Hollande, reprend les éléments biographiques officiels de Christian Bourquin pour décrire un « fils d’agriculteurs catalans, titulaire d’un diplôme d’ingénieur (…) Défenseur passionné de son territoire« . Il souligne un « courage qui force l’admiration ».

Jacques Cresta, député socialiste des Pyrénées-Orientales, l’un des représentants les plus fidèles du défunt, évoque la « disparition d’un grand homme (…) resté digne et combatif jusqu’au bout ». Le candidat malheureux aux dernières élections municipales perd un « camarade », qui a beaucoup « apporté à notre territoire, à son Pays Catalan, à notre région ». Il ajoute : « Son œuvre aura été immense toujours dictée par la défense de l’intérêt général ».

René Bidal, préfet des Pyrénées-Orientales : « J’aurais sans doute l’honneur, si sa famille l’accepte, de dire l’homme plus intime que j’ai découvert au-delà de la personnalité emblématique de la politique départementale que Christian Bourquin fut pour les Pyrénées-Orientales, marquant de son empreinte indélébile les rivages, la montagne et le cœur de cette belle Catalogne française et de tous les catalans qu’il embrassa sans retenue et sans distinction durant toute sa vie ».

Jean-Marc Pujol, maire de Perpignan et président de Perpignan Méditerranée : « Celles et ceux qui l’ont approché, affronté ou accompagné, se souviendront d’un élu de la République remuant, provocateur, qui ne laissait aucun de ses interlocuteurs insensibles (…) Christian Bourquin était un rebelle en politique ».

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