Le lundi 17 mars 2008, l’orage médiatique s’abattait sur Perpignan après une grosse irrégularité lors des élections municipales. En deux jours, l’affaire de la « Chaussette » résumait un Sud global fournisseur officiel de clichés pour la presse centrale, 160 articles de presse et une centaine de reportages TV alimentaient les audiences, puis, plus rien. Si l’anecdote a engendré des effets de lynchage envers un territoire en grandes difficultés, seul le quotidien Le Monde a pris le temps du recul : deux articles incisifs, en date du 25 mars et du 5 avril 2008, placent en contexte l’affaire textile, qui « jette une lumière crue sur une société locale bloquée dans l’un des départements les plus pauvres de France, moins de trois ans après des émeutes en centre-ville, sur fond de soupçon récurrent de clientélisme »… mais ce descriptif détaillé, trop complexe et trop long, n’est pas apte à l’info fast-food. Les erreurs de langage de la déferlante médiatique, dont un « bourrage d’urnes » au puissant impact sur les consciences, ne sauraient être rattrapées par la sentence du Tribunal Administratif sur une éventuelle invalidation de l’élection.