La Clau
Céret municipales, J.P.Brazès : « Pourquoi tout attendre de Paris ou de Montpellier ? »

Ville de référence de la « province » des Pyrénées-Orientales, Céret prépare les élections municipales de mars par un duel supérieur au seul schéma gauche-droite. Face au candidat socialiste Patrice Dorp, en proie à un enchevêtrement de mouvances peu saisissable à l’extérieur, le candidat Jean-Pierre Brazès annonce la couleur. Bleu ciel et bleu foncé fondent son offre, qu’il propose à « Céret, la belle endormie », comme l’indique le premier bulletin de campagne de cet adhérent de l’Union des Démocrates et Indépendants (UDI), soutenu par l’UMP et Convergence Démocratique de Catalogne (CDC). Chef d’entreprise dans l’agro-alimentaire, diplômé de l’Institut Supérieur Européen de Management Agroalimentaire, cet authentique Cérétan présente une liste « Céret la dynamique » sur laquelle le Mouvement Démocrate serait le bienvenu en occupant « une place de choix », comme il nous le signale en amorce d’interview.

La Clau : Jean-Pierre Brazès, quelles sont les problématiques de Céret ?

Jean-Pierre Brazès : Le maire socialiste en place (Alain Torrent – ndlr) après 12 ans de gestion, n’a pas fait de l’emploi sa priorité première. Céret s’appauvrit au bénéfice d’Argelès. Rien ne sert que Monsieur Alyagas (maire d’Argelès-sur-mer et députée de la quatrième circonscription des Pyrénées-Orientales) installe sa permanence à Céret, si c’est pour nous dépouiller, aujourd’hui du Lycée, et demain ? Quel corps d’Etat, des services fiscaux, de la gendarmerie quittera Céret ? Notre maison de retraite est à l’abandon après avoir été entretenue sous le mandat Sicre (maire socialiste de 1989 à 2001 et député de 1988 à 2002 y- ndlr). Au musée de Céret, la dernière exposition digne de ce nom a été consacrée à Soutine. Depuis, rien, hormis des effets d’annonces pré- électorales comme l’agrandissement de 1100 m², sur des réserves foncières heureusement acquises sous le mandat d’Henri Sicre. Notre commerce et nos PME sont en difficultés et la participation citoyenne est en panne.

A 16,1%, le taux de chômage de Céret constitue un record en Pays Catalan. En proportions, il y a davantage de demandeurs d’emploi chez vous qu’à Perpignan. Quelles en sont les raisons et les solutions ?

La municipalité actuelle n’a pris aucune initiative innovante pour lutter contre le chômage, et les Cérétanes et les Cérétans en payent le prix fort. Je souhaite faire de la création d’emploi la priorité absolue de mon mandat, en faisant preuve d’audace et de dynamisme. Car il existe des solutions, par la mise en place, en concertation avec la Région, le département et la Chambre de Commerce et d’Industrie, d’une structure d’accueil pour les jeunes TPE et PME qui veulent s’installer à Céret. Comme ailleurs en France, le développement de l’emploi passera par la recherche et l’innovation et une structure d’un nouveau doit servir ce projet réaliste. Il nous faut aussi chercher les entrepreneurs là où ils se trouvent, en Roussillon où ailleurs, en particulier en Catalogne Sud, quitte à faire un effort sur le foncier ou sur les taxes locales. Un tourisme de qualité est possible, en prenant appui sur la riche histoire de Céret. Nous devons aussi développer l’accueil des seniors, car notre cadre de vie et notre patrimoine correspondent à la demande d’une clientèle à fort pouvoir d’achat.

Pour les gens de l’extérieur, « Céret égale cerise », mais la production est en chute depuis 30 ans. Êtes-vous victimes d’un cliché, qui ne repose plus sur une véritable activité économique ?

Je me refuse de voir péricliter notre production, car notre image est fortement liée à cette production de cerises primeurs de qualité. La vraie question qui se pose est de savoir comment maintenir cette production lorsque l’on connaît l’incidence du coût main d’oeuvre sur le prix de vente. Aujourd’hui, l’abondante offre espagnole et turque permet de trouver des cerises à Noël dans les hypermarchés ! Et ce fruit est davantage associé à un revenu de complément. Ayant toujours travaillé dans l’agroalimentaire, particulièrement dans l’innovation agroalimentaire, je connais bien ce sujet, crucial pour notre ville. Il nous faut développer les nouvelles méthodes culturales de la cerises, répondre aux attentes du consommateur en lui proposant davantage de cerises bio et trouver de nouveaux débouchés à travers les circuits courts et peut-être la transformation. Toute cela se fera avec l’appui de la chambre d’agriculture et l’implication de nos agriculteurs.

A 78 ans, Henri Sicre, figure du socialisme dissocié de Christian Bourquin, reste un lobby à lui tout seul à Céret, où l’on murmure qu’une élection municipale ne se gagne qu’en fonction de sa position…

Henri Sicre est un ami de longue date, nous nous connaissons bien et nous nous estimons. Je n’oublie pas la manière dont on l’a exclu du sérail socialiste départemental et de la mairie de Céret en particulier. Il a fait de grandes choses pour notre ville, le musée bien entendu, mais aussi de nombreuses autres réalisations de qualité, dont notre maison de retraite, enviée par de nombreuses municipalités des alentours. Henri a fortement développé l’emploi en installant à Céret des services fiscaux et de gendarmerie, plus de 50 emplois soit environ une centaine d’habitants supplémentaires. Céret rayonnait sous son mandat, à la fois dans le département mais aussi au plus haut niveau de l’Etat. Il est exact qu’il représente une force indéniable et incontournable, mais il n’a pas pris de position et ne soutient aucune liste. Notre liste « Céret la Dynamique » est un vaste rassemblement, hors de tout clivage politique et de toute politique politicienne. Seuls nous intéressent les compétences et le désir de faire bouger Céret. Henri Sicre est seul décisionnaire de son choix. La porte lui est grande ouverte sur notre liste et sa présence serait à la fois un gage d’ouverture, de qualité et d’expérience.

Les alliances UDI-UMP-CDC se multiplient dans les Pyrénées-Orientales. Quel sens donnez-vous à la vôtre ?

Il n’y a pas de place à Céret pour une liste « apolitique », car ce mot ne veut rien dire. Ici, aucune liste « apolitique » n’a jamais pesé et nos habitants doivent savoir pour qui ils votent et pour quel programme. Nous nous retrouverons avec trois listes en présence, celle du maire socialiste sortant, une liste représentant le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) et le parti communiste et la nôtre. Je suis membre de l’UDI et la possibilité de mettre en place de grandes choses pour Céret n’est possible qu’en gouvernant au centre, hors de tout sectarisme, dans un respect des droits mais aussi et surtout des devoirs. Dans une époque ou l’on n’entend plus parler que de mondialisation, je pense qu’il est capital de remettre l’Homme au centre de nos préoccupations. Notre démarche exige de vrais liens de proximité, plus que des slogans. Alors, pourquoi tout attendre de Paris ou de Montpellier ? Nous sommes capables de prendre des décisions localement et de les assumer. C’est la raison de la présence de CDC sur notre liste. Dans le respect des lois de la république Française, nous souhaitons défendre les valeurs du peuple catalan à travers notre langue, nos traditions, notre patrimoine et notre culture. Mais notre liste rassemblera aussi des membres de l’UMP et du Parti Socialiste, des citoyens issus du milieu associatif, des commerçants et des chefs d’entreprises, convaincus de la possibilité de faire rayonner Céret.

Entretien E.V.

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