La Clau
Cantonales 2011, le triomphe des élections sans programme

Le bilan des élections cantonales, largement débattu, est d’abord une abstention de 47,14% en Pays Catalan, et de 55,71% en France, dans une manifestation du désintérêt pour la politique. Face à celui-ci, une victoire de l’étiquette et des politiques d’appareil s’est nettement affichée. Cette élection particulière comportait le handicap du renouvellement pour moitié de l’assemblée départementale des Pyrénées-Orientales. Cette remise en jeu partielle des sièges est inopérante dans la création de mouvements de fond, susceptibles de créer des changements de majorité. Mais avant de pouvoir avoir envie de choisir, les citoyens n’ont pas pris pleine connaissance de la simple existence du scrutin, faute de médiatisation concrète, si ce n’est générique : l’absence des ces élections à Paris explique le désintérêt des grandes chaînes de télévision, les seules qui opèrent une influence réelle sur l’opinion dans un pays centralisé. Cette non-médiatisation des programmes des candidats produit ainsi une sorte de désastre démocratique. Dans ce contexte, et en l’absence de réelles questions, l’attitude de l’électeur majoritaire est plus que compréhensible, l’image projetée étant celle d’un scrutin d’école maternelle, pas assez important pour passer sur les écrans. Dans le panorama singulier des Pyrénées-Orientales, et son cortège de dépendances aux collectivités locales, le clientélisme ici et là dénoncé, se trouve renforcé, voire favorisé, cette fois-ci par le système lui-même. Son pendant contestataire aussi.

Ainsi, le Front National continue à enfler en vue de la présidentielle du 22 avril et du 6 mai 2012, mais aussi, très ouvertement, en vue des prochaines municipales, concrètement à Perpignan. Le parti des Le Pen rêve de rafler une ville de 100.000 habitants, alors même que ses carences de cadres le rendent inapte à gérer de grosses institutions, autour d’un programme inapplicable. Sa gestion laborieuse des municipalités d’Orange ou de Toulon, gagnées en 1995, en fait un parti inapte, en plus d’être infréquentable. Mais la nouvelle réforme des collectivités territoriales qui verra la mise en place dès 2014 des conseillers territoriaux, à la fois conseillers généraux et conseillers régionaux, devrait être l’occasion inespérée de relancer la machine démocratique autour de véritables élections visant des projets de territoire, associés à une plus grande responsabilité du politique vis-à-vis de la vie de la démocratie, en favorisant par exemple l’émergence de médias locaux contradictoires. Un changement générationnel du personnel politique devrait aussi émerger, pour valider ce changement d’état d’esprit. Il s’agirait d’une révolution.

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