La Clau
Soap and Skin : la révélation autrichienne qui hante le printemps

Âmes sensibles s’abstenir. L’univers musical de Soap and Skin, alias Anja Plaschg, est sombre et chargé d’émotion. Il est aussi sobre que magnifique. Dès les premiers accords de piano, la nouvelle révélation autrichienne crée une atmosphère grave et mélancolique, rehaussée de quelques touches électroniques ou de cordes. Les mots qui s’échappent de la bouche d’Anja sont tristes, parfois durs. Il y a de la rage, de la colère mais aussi de la tristesse chez cette jeune fille au look punk. Soap and Skin égraine avec sa voix fragile ses douleurs d’enfant, ses peurs. L’ambiance est torturée, parfois morbide. Dès la première écoute de « Lovetune for vacuum», Anja touche en plein cœur. On pense à la voix fragile de Cat Power dans le morceau « Cynthia ». Les craquements et autres bruits de « Cry Wolf » rappellent l’univers de Coco Rosie. Il y a de quoi être impressionné par cette jeune fille intrigante de 19 ans. Fille d’agriculteurs, élevée dans un petit village du Sud de l’Autriche, Anja apprend le piano et le violon à l’âge de 7 ans. Enfant, elle s’entraîne jusqu’à 12 heures par jour. Ado, elle compose de la musique sur son ordinateur et envoie sa première démo à l’âge de 15 ans. Sa balade contemplative « Mr. Gaunt PT1000 », l’un des morceaux les plus touchant de cet album, est repérée par le label berlinois Shitkatapult. Le bouche à oreille par le biais du site communautaire Myspace fait le reste, avant que la principale radio de musique indépendante autrichienne FM4 ne la diffuse et qu’elle finisse par signer avec le très prestigieux label PIAS.

Sur scène, un piano et un ordinateur portable

Avant la sortie de ce premier album, certains ne voyaient en la jeune Anja qu’un phénomène de plus issu d’internet. Pourtant, après l’avoir écouté, difficile de passer à autre chose. On ne sort par indemne de cette expérience musicale, on reste hanté par les mélodies à fleur de peau, qui évoquent les doutes et les angoisses d’une fille qui a visiblement grandi bien vite. « Les interrogations sur le bonheur et le malheur, sur savoir si ça fait mal et avec quelle intensité, semblent se dissoudre dans les activités créatrices », analyse la jeune artiste qui distingue son personnage de scène de sa propre identité. « Anja Plaschg peut réfléchir sur ce qu’est « Soap & Skin », répond, énigmatique, l’artiste solitaire. Dans cet univers sombre, on entrevoit quelques zones de lumière comme dans « The Sun » qui prend aux tripes. Déjà comparée à l’Allemande Nico, l’égérie du Velvet Underground, ou encore à l’Américaine PJ Harvey, Soap & Skin est en tournée depuis quelques mois. Seule en scène avec un piano à queue sur lequel repose un ordinateur portable, la jeune femme aux longs cheveux châtains apparaît réservée. Lors du premier concert de sa tournée à Vienne, elle s’est contentée d’un seul mot pour le public, un « merci » puis a tourné les talons. « Si j’avais quelque chose à dire, je serais écrivain », justifie-t-elle ses silences. Elle assume aussi cette fragilité et souhaite ne pas donner plus de trois concerts à la suite: « Je me donne à fond je veux conserver la beauté de ces moments ». Après s’être produite en Autriche, en Allemagne et en Angleterre, Soap and Skin annonce pour bientôt sa visite plus bas en Europe… Consacrée « enfant prodige » en Autriche, Anja ne devrait pas tarder à conquérir l’Europe. « Lovetune For Vacuum » marquera peut être l’année 2009. Il a déjà teinté le printemps de gravité et d’émotion.

Soap and Skin, “Lovetune for vacuum ». Sortie le 14 avril 2009.
Couch Records – Pias.

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