La Clau
Twitter à Perpignan, pour quoi faire ?

Plus élégant et moins popu que Facebook, moins prestigieux que Linkedin, le réseau social Twitter, dont les messages se limitent à 140 caràcters, ressemble en cela au SMS, limité à 160. Mais le produit « Twitlonger », en cours de promotion, pallie ce souci, en rendant pratiquement infinie la jauge textuelle de cette formule créée aux USA en 2006. Si toute célébrité est armée de son adresse, comme twitter.com/angelinajolie, il convient de différencier les Twitters fermés, à accès validé par les petites mains des sommités médiatiques, des Twitters ouverts, de type twitter.com/barackobama.

Pour les stars, Twitter est un pouvoir

Dans une bataille de chiffres, en août 2010, la chanteuse américaine Lady Gaga a détrôné son aînée Britney Spears, en revendiquant 5,745 millions de fans inscrits sur son « compte » Twitter, contre 5,705 pour la seconde. Parmi les effets de ce simple système informatique, sobre et rapide, intervient une force de frappe nouvelle… Un Obama peut communiquer sans les médias traditionnels, contraints de répercuter, comme un vulgaire « follower » (inscrit), une information diffusée via Twitter. Une Lady Gaga pourrait convoquer un happening géant, ou, plus modestement, peut manifester ses humeurs et annoncer son nouveau single, en se passant de sa maison de disques, toutes choses déjà possibles sur Internet, en tant qu’outil global. Mais à échelle réduite, dans les Pyrénées-Orientales, Twitter produit encore des effets réduits.

Perpignan craint encore Twitter

Frileux à tout, le Pays Catalan (du nord, en territoire français) tarde à s’approprier Twitter, à l’image de la France, dont le paradoxe a été fourni le 15 août 2010 : le sénateur normand Alain Lambert, en quête de post-modernité, a commenté une messe en direct, puis s’est justifié d’accusations d’outrage à Dieu par voie électronique « Je n’ai pas tweeté pendant l’office. J’étais arrivé en avance et j’ai écrit à ce moment-là ». Mais à Perpignan, seuls quelques rares institutions, médias et personnalités sont adeptes du système, qui fonctionne sur le principe découvert dès l’invention de la parole : pour communiquer, il faut connaître des interlocuteurs également dotés.

Quel est le profil des « twittaires » du Pays Catalan ?

Les médias Midi Libre, L’Indépendant, France Bleu Roussillon, Littoral FM, ou encore l’USAP et la Mairie de Perpignan, sont représentés sur Twitter, mais dans des variantes importantes. Certains ont créé un compte sans l’utiliser, d’autres en font un usage quotidien. L’USAP communique régulièrement vers (seulement) 240 inscrits, concurrencée par une USAP non-officielle, avec usurpation de logo, qui jouit de 730 followers. Les supporters de l’équipe à Paris sont présents, tout comme le transporteur low-cost Frog bus, la société de création de sites Internet Square Partners, le service d’agenda Catacult, le magazine La Clau et « Pyrenees.fr », la centrale de réservation de la Chambre de Commerce et d’Industrie. En revanche, le compte « Catalansdragons », piloté depuis le Royaume-Uni, échappe étrangement au Roussillon.

Chez les politiques, la mouvance Désirs d’Avenir de Ségolène Royal, le président de l’Agglomération de Perpignan Jean-Paul Alduy, l’ex-maire du Barcarès Alain Ferrand, le maire de Prades Jean Castex, le centre-gauche Jean Codognès et le Parti Communiste sont représentés, généralement sans activité. Seule la conseillère municipal Modem de Perpignan, Clotilde Ripoull, porte un intérêt à la souplesse du système : « Je vous recommande de lire ceci », suivi d’un lien Internet vers un article. Mais on ne trouve sur Twitter ni UMP ni PS catalans, dont le réveil va se produire à coup sûr lors des élections cantonales, en 2011.

La banalité pour facebook, le sens pour Twitter ?

Pour ceux qui ont des choses à dire ou en sont persuadés, généralement branchés sur leur smartphone, façon globe trotter, Twitter est une solution idéale, mais encore surréaliste dans un territoire, les Pyrénées-Orientales, en déficit d’urbanité moderne. Facebook, cet outil devenu insignifiant, jouait déjà depuis longtemps un rôle de déversoir à blabla, plus rarement de relais publicitaire, et remplace l’amitié réelle en culture « friends », qui repose sur d’autres valeurs, notamment consacrées par les affinités. Mais Twitter peut évidemment autant annoncer (en bref) « Bonjour à tous, je pars à la plage à Canet » que « Le sommet du TGV de Perpignan est prévu le 30 septembre ». Un nouveau fossé est creusé entre la banalité perso et l’intérêt envers le siècle. Une petite « élite » sur Twitter, une masse sur Facebook, un tableau de la Catalogne du nord.

Partager

Icona de pantalla completa