La Clau
La FM à la poubelle en 2012, au profit de la radio digitale ?

Nous ne sommes pas à une évolution technologique près, mais celle qui se prépare pour la radio est majeure, en ce sens qu’elle devrait faire enfin changer un média déjà bien vieux, figé dans son fonctionnement technique depuis les années 1970. La télévision est passée à la TNT, la radio s’apprête à faire de même, non sans complication, qui rappellent la télévision, car les « standards techniques », somme de règles dont le consommateur n’a que faire, sont l’objet de batailles d’Etat, de continent voire de blocs politiques. Depuis la décennie 1990, le DAB, « Digital Audio Broadcasting », s’assure ainsi d’un certain consensus européen, qui n’intéresse que les professionnels. Cette radio numérique offre le son du CD sur un poste portable, avec une offre doublée : les 30 radios FM de Perpignan deviendraient ainsi 60 dès 2012. Manque de chance, le 26 mai 2009, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel français a décidé de lancer la chose dès décembre 2009, et présenté une première liste de 63 stations, à Paris, 49 à Marseille et 48 à Nice. Cette opération pilote, au grand jour, est en réalité consécutive à 10 ans d’essais, à Paris ou à Barcelone, où les radios Catalunya Ràdio et Flaix FM, entre autres, émettent en DAB depuis la fin de la décennie passée, bien que l’homme de la rue ne soit pas au courant. S’il le savait, il devrait se procurer un récepteur sur Internet pour plusieurs milliers d’euros. Ce bide industriel semble être rattrapé en France, mais dans l’incertitude, par la décision parisienne. Le problème épineux de cette ouverture technique est aussi sa fermeture, la France choisissant une norme technique unique, appelée « T-DMB », contrairement aux autres pays européens qui ont choisi les normes « DAB » ou « DRM ». On comprend pourquoi l’expression « aller à l’étranger » ne perd aucune vigueur malgré l’ouverture des frontières.

Plus de radios, plus de chaînes de TV… Pourquoi ?

La radio numérique promet un son encore meilleur que meilleur, des textes et des images associés, et surtout la disparition des parasites. Selon Michel Boyen, président du CSA, « un Français sur trois ne reçoit aujourd’hui que 10 radios », et l’occasion est belle pour se laisser tenter, en dépit d’une inconnue monstrueuse, car les radios sur Internet, ou « webradios », disponibles par dizaines de milliers, sont désormais prêtes à concurrencer la radio à l’ancienne. Leur son est bon, les coupures se raréfient, elle garantissent une réelle ouverture sur la planète, et leur accès est rendu facile par la « LiveRadio » de fournisseur d’accès Internet Orange, qui commercialise un poste à l’ancienne, mais en Wi-Fi, à régler soi-même sur une offre gigantesque. Déboussolant, instructif ou dangereux ? Dans l’immédiat, le CSA privilégie les radios d’information et de sport, dans une certaine diversité, comme le montre la présence de « Antinea Radio », une radio qui vise la communauté berbère à Paris et à Marseille, et « Radio Mandarin Europe », pour la communauté chinoise parisienne, aux côtés du France Info en version TF1, appelé LCI Radio. En cas de réussite, cette couverture digitale devrait s’étendre jusqu’en 2014, en s’accordant sur la commercialisation des récepteurs, vendus pour plus de 100 euros dans un premier temps, tandis que les radios associatives, guettant une discrimination aux moyens, demandent une aide d’Etat. En parallèle, le monde avance : en fonctionnement aux USA, en Asie, en Allemagne et au Royaume-Uni, la radio numérique fait de petit pas prudents.

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