La Clau
Election de Barack Obama : un coup de « hache »?

La récente élection de Barack Obama n’est pas que le triomphe de l’Amérique de John Fitzgerald Kennedy et de Martin Luther King. Elle n’est pas non plus la défaite de Georges W Bush. Elle est pour beaucoup la croyance du peuple américain dans le récit concocté par le spin doctor et consultant politique David Axelrod, le storyteller démocrate. Histoire contre histoire, le récit d’une Amérique post-raciale et multiculturelle du Juif new-yorkais Axelrod a séduit le peuple américain et renvoyé l’histoire de Joe le plombier et du self made man classique aux oubliettes de l’histoire. L’accumulation des cultures, contre la liberté de faire, comme fondement des USA. Le marketing politique américain a atteint des niveaux de précision tellement élevés en 2008 que l’on pourrait attribuer pour moitié la victoire démocrate au génial Axe (hache en anglais) et pour autre moitié à David Plouffe, l’autre spin doctor associé à Axelrod. David Axelrod est un ancien journaliste surdoué, employé du Chicago Tribune pendant 8 ans à peine avant de plonger dans le business de la campagne électorale dès l’âge de 29 ans, dans le rôle de directeur de campagne d’une sénatoriale de Chicago. Le communicant a ouvert à la fin des années 1980 l’entreprise de consultants en communication politique AKP&D message and media, qui affiche depuis sa création un taux de 78 % de victoires électorales à tous les niveaux politiques américains, et a permis à une demi-douzaine d’Afro-américains d’accéder à des fonctions prestigieuses.

On défend mieux une idée quand on y croit

David Axelrod connaît Barack Obama depuis 1992, avant son entrée en politique, au moment où le Parti Démocrate venait de le repérer. L’amitié qui unit les deux hommes n’a pas empêché le spin doctor de scruter et de prendre d’interminables notes sur la personnalité, les convictions et la vie d’Obama pour son élection sénatoriale de 2004, avant de commencer à construire une histoire américaine autour de son poulain. Le marathon vers la présidence américaine s’est construit sur un message médiatique stable, le multiculturalisme de l’Amérique dont Obama est l’incarnation, et une précision d’horloger dans la délivrance de ce message avec une image certes calibrée mais suffisamment proche de la personnalité du candidat pour qu’il s’y sente à l’aise. La constance du message lors de la primaire démocrate face au monstre Hillary Clinton, et même lorsque Obama avait un retard de 30 points dans les sondages, a été paradoxalement une des clés de sa victoire, selon les analystes. Une autre des recettes d’Axelrod a été sa gestion des médias : le directeur de campagne a été hyper-abordable par tous les journalistes, du plus petit au plus grand, sans en négliger aucun. L’autre grand artisan du marketing Obama a été l’homme de l’ombre David Plouffe, le « P » de AKP&D message and media, que l’on désigne même comme le véritable cerveau de la campagne. Celui-ci aurait analysé scrupuleusement la démographie de chaque comté américain pour y diffuser le message du candidat démocrate et élaborer une stratégie territoriale gagnante, déconcertant parfois jusqu’aux sommités démocrates.

Partager

Icona de pantalla completa