La Clau
L’Hôpital européen de Puigcerdà pose les limites de la coopération transfrontalière

Le futur Hôpital de Cerdagne, grand symbole de la mise en commun des infrastructures entre la Catalogne du Nord et celle du Sud, sous la forme Groupement européen de coopération territoriale, (GECT), subira les effets de la crise. En effet, il fera légèrement les frais du serrage de ceinture mené par le gouvernement catalan, qui en assure de fait le pilotage. L’enveloppe globale, de 31 millions d’euros, est d’ailleurs assumée à 60% par le Fonds européen de développement économique et régional (FEDER), à 25% par le Gouvernement de Catalogne et à hauteur de 15% par l’Etat français. En outre, l’intégralité des avancées en matière de travaux, d’organisation interne, et d’informations concernant l’hôpital, est pilotée entre Puigcerdà et Barcelone. Cette situation, opaque depuis Perpignan, puisque la frontière de l’information persiste alors que la frontière de la santé doit être vaincue par le projet, entraîne une forme d’incompréhension, notamment en Haute Cerdagne et en Capcir. Ainsi, le délégué gouvernemental catalan dans la région de l’Alt Urgell, des Pyrénées et du Val d’Aran, Albert Salins, déclarait cette semaine sur la chaîne TNT Pirineus Televisió, qui couvre la Cerdagne, que les coupes franches opérées par la Generalitat de Catalunya concerneront l’Hôpital transfrontalier. Par sa voix, le ministère-département de la Santé catalan a avoué que l’économie serait « minimales », et limitée à la gestion. En d’autre mots, la qualité de la plateforme technique s’en sera pas affectée, à l’inverse probable des conditions de travail et de l’emploi. Cette nouvelle importante est révélée par notre entremise.

Par ailleurs, la révélation effectuée en janvier selon laquelle l’hôpital européen de Cerdagne, ouvert en 2012, ne serait pas tout à fait « transfrontalier », est confirmée cette semaine. Le mois dernier, nous informions de la mise en place de deux équipes séparées de services d’urgences dans l’établissement, l’une pour le secteur géographique sous administration française, l’autre pour la zone sous administration espagnole. A ce détail majeur, qui met en lumière les limites de ce projet pionnier au sein de l’Union Européenne, s’ajoute une caractéristique désobligeante pour les populations des régions du Capcir et de Haute Cerdagne, c’est à dire dans les hauts-cantons du département des Pyrénées-Orientales. Minoritaires en nombre comparé aux populations de la Basse Cerdagne et de la région de l’Alt Urgell, les habitants de la partie française du territoire visé rencontreront de grandes difficultés administratives lors de la naissance d’un enfant à Puigcerdà, car sa nationalité française devra passer par le Consulat de France à Barcelone, comme cela est déjà le cas pour les accouchements de femmes françaises au sein de l’actuel Hôpital local de Puigcerdà. En cas de décès, le transfert des corps au delà de la limite territoriale entre Etats posera un certain nombre de problèmes, notamment en matière d’identification. L’établissement, qui sera livré au printemps 2012, vient d’être finalisé de l’extérieur, et les installations intérieures seront amorcées dans les tout prochains jours.

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