Les remaniements enclenchés par les groupes de presse sud-catalans, poussés parfois par la crise ou par le renforcement du sentiment souverainiste catalan, ont donné ce dimanche un nouvel exemple de temps qui changent. Javier de Godó, riche éditeur du grand journal La Vanguardia, édité à Barcelone depuis 1881, a effectué une annonce attendue depuis plusieurs années, voire décennies. Car dès le 3 mai, son titre sera également proposé au public en langue catalane, à l’occasion de son 130e anniversaire. Selon M. Godó, à la tête du « Grupo Godó », qui possède deux chaînes de télévision, deux stations de radio, et organise l’open de tennis « Comte de Godó » de Barcelone, le passage au catalan est justifié par une forme de réalisme. Guidé par la « volonté de mieux servir » les personnee qui « accordent leur confiance » au journal, leader en Catalogne, le grand patron souhaite également diffuser « un grand journal européen en catalan, sans pour autant stopper son édition en espagnol ».
Dès le mois de mai, les lecteurs de La Vanguardia pourront choisir la version linguistique qui leur convient, autant en format papier que sur Internet. Le journal, qui suit en cela le passage à deux langues opéré il y a quelques années par son outsider, El Periódico de Catalunya, conservera un « seul regard » éditorial, selon Javier Godó, dont le journal, qui fait autorité en Catalogne mais aussi en Espagne, doit faire face depuis plusieurs mois à la concurrence du nouveau journal ARA, extrêmement dynamique, et édité exclusivement en catalan. Le Grupo Godó espère disposer d’un lectorat à parité entre la langue catalane et la langue espagnole, pour un total actuel de 234.000 ventes quotidiennes. Suite à l’annonce historique de ce passage au catalan, ce dimanche en milieu de journée, le président du gouvernement catalan, Artur Mas, a qualifié la nouvelle de « cadeau », consenti par le seul titre catalan reconnu à l’échelle européenne.
