La Clau
Confusions sur la santé de l’économie catalane

L’agence Standard & Poor a abaissé de deux crans la note de long terme de la Catalogne, pour la situer au niveau « BBB-« , le 31 août. Ce territoire obtient ainsi un « bon poubelle », car il « continue de présenter un faible profil de crédit individuel, avec un niveau de liquidités détérioré et une grande dépendance du soutien du gouvernement central pour assumer les échéances de ses dettes », selon l’organisme de notation américain. Cette conclusion intervient trois jours après une demande d’aide de 5 milliards d’euros exprimée à l’Etat espagnol par le gouvernement catalan. Mais ce dernier, face à la situation délicate de ses finances, emploie l’argumentaire de la « spoliation fiscale ». L’exécutif autonome juge en effet que la Catalogne, généreuse contributrice du budget général espagnol, gagnerait à gérer directement ses propres impôts pour sortir de la crise. Dans ce sens, le ministre-conseiller de l’Économie et de la Connaissance catalan, Andreu Mas-Colell, considérait dans la soirée que Standard & Poor’s déploie une stratégie « hautement politique », avant de préciser que « la réclamation d’un meilleur système de financement pour la Catalogne est inscrite dans la légalité la plus scrupuleuse (…) des pays démocratiques avancés ».

La Catalogne pénètre l’opinion internationale

Le panorama actuel favorise des informations consacrées aux finances publiques catalanes, jusqu’à CNN, le Financial Times et Le Monde. Mais un décalage des perceptions persiste entre le territoire et l’extérieur, comme le confirme une déclaration du ministre-conseiller de la Culture catalan. Le 31 août, Ferran Mascarell estimait sans détours que « l’État dans lequel nous sommes intégrés est profondément nuisible pour l’ensemble des intérêts catalans : économiques, politiques, fiscaux et inhérents aux infrastructures ». Cette affirmation décrit une région, la Catalogne, doté d’un fardeau appelé État central. Ce raisonnement fait écho à un positionnement de trois partis siégeant au Parlement de la Catalogne, la coalition centriste Convergence et Union (CiU), le mouvement postcommunistes Initiative pour la Catalogne et la Gauche Républicaine de Catalogne, favorables à « sortir du Titanic espagnol ». Parallèlement, une haute personnalité ajoute un ingrédient au débat : le 30 août, le président de la Commission Européenne, José Manuel Durão Barroso, affirmait qu’une éventuelle indépendance de la Catalogne suivrait les « procédures juridiques internationales ». Cette position inédite extrait la question catalane du simple cadre espagnol pour l’introduire au plus haut niveau mondial.

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