La Clau
Internet vieillit la presse avant de l’engloutir

La plus grande révolution médiatique à venir sera certainement la révolution du support, car, jusqu’à présent et depuis Gutenberg, les médias se sont empilés les uns par dessus les autres sans jamais s’annuler. La presse écrite, puis la radio, puis la télévision, puis le web, ont cohabité et cohabitent encore sans qu’aucun n’ait disparu tout au long du XXème siècle. L’écrit, le son et l’image ont chacun leur intérêt propre et perdureront, mais certainement dans le web, qui en révolutionne la diffusion et surtout la combinaison, résumée par le terme vieilli de « Multimédia ». L’interactivité, vocable tout aussi menacé par son évidence, est au centre du web dit « 2.0 » : Internet n’est donc pas un média mais tous les médias en même temps, et finira par les emporter tous vers une forme de média unique, mais pas forcément uniforme. Parallèlement, la création et la recherche la plus pointue tourne autour de cet hybride nommé « Web Design » dans les pays anglo-saxons, qui englobe la création graphique des sites Internet et l’intégration de toutes les contraintes marketing et techniques, dans le but d’accomplir et d’améliorer cette fusion des supports en créant l’interaction la plus pertinente. Les possibilités sont infinies : le support est autant le mini-écran de 5 cm de longueur d’un téléphone portable qu’un plasma style home-cinéma géant. Les sites Internet doivent alors être le plus attirant possible pour informer le mieux possible, le plus rapidement possible.

La révolution technique entraînera la révolution de l’écriture journalistique

Le « journalisme citoyen » en vogue sur Internet semble voué à s’effacer dans la décennie 2010 victime de sa propre définition, qui pose problème en terme de fiabilité, tant de l’information que de l’analyse, et l’émergence des mass médias sur la toile, une fois le problème du modèle économique réglé : nous sommes sans doute aux portes de l’écrémage du webpress, les uns prenant la voie de la professionnalisation et les autres celle de la sortie, dépassés techniquement comme au niveau des compétences nécessaires à cette nouvelle forme d’écriture adaptée au média, un peu comme le furent durant les années les radios libres lors des années 1980. Un autre écrémage pourrait d’ailleurs de profiler sur les mass médias traditionnels passant sur le web, l’erreur la plus fréquente étant leur transposition tels quels vers ce nouveau support, aux nécessités éditoriales différentes. Un certain nombre de nouveaux titres de presse émergent pour cette même raison, par maîtrise initiale des exigences Internet. La fébrilité de certains médias au passage actif sur la toile s’explique en grande partie par l’absence d’un modèle économique clair, mais aussi par les importants bouleversements que le web impose en termes d’écriture. Avant un éventuel plongeon, la presse traditionnelle observe avec défiance les nouveaux médias nés directement sur le web et considère encore souvent ses propres versions électroniques comme accessoires, tout en gardant un œil sur les formes les plus abouties d’un nouveau style d’écriture, illustré par www.streetreporters.net en France et www.3cat24.cat dans les Pays Catalans.

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