La Clau
La presse écrite n’est plus qu’une économie

« Au moment où se concluent les Etats Généraux de la presse écrite dont l’objectif est de déterminer les mesures législatives et économiques destinées à permettre aux journaux quotidiens d’accomplir leur mission d’information à armes égales avec tous les nouveaux médias… » C’est ce qu’a publié l’unique quotidien territorial papier en Pays Catalan, L’indépendant, dimanche 4 janvier. Cette simple phrase est longue de sens : plutôt que d’assumer le fait de défendre une industrie, ce qui est tout à fait légitime, l’ensemble de la presse écrite préfère à l’heure actuelle défendre l’idée d’une mission, sous entendue publique, d’information. Autre phrase, tirée d’une pétition du Syndicat des Journalistes, qui circule actuellement : « Le droit de chacun à une information honnête, indépendante et fiable ». La logique de la presse française est ainsi définie : loin de la sacralisation de la liberté d’expression, chère aux amoureux de la liberté, l’information est un service public qui doit être honnête, indépendant et fiable, comptant donc sur le fait que l’Etat est neutre et le capitaine d’industrie honnête et indépendant. Sans omettre qu’il faut une carte bleu blanc rouge pour y écrire ! Non Messieurs, aucun journal n’est honnête, c’est à dire neutre selon la morale, aucun journal n’est indépendant même et surtout s’il en prend le nom, et la fiabilité des informations ne dépend au fond que du choix d’en traiter certaines plutôt que d’autres. Honnête, Le Figaro ? Indépendant, El Punt ? Honnête, indépendant et fiable, L’Indépendant catalan, quand ses choix éditoriaux sont dictés par les collectivités locales de manière chaque jour plus visible ?

L’essence de la presse est sur Internet

Non, ce n’est pas l’existence d’une presse dont l’économie et la domination est assurée par l’Etat qui est gage d’une démocratie qui fonctionne, mais la confrontation des points de vue dans l’espace public, la confrontation, sur différents supports médiatiques, de l’analyse de faits qui ne sont jamais neutres. Aucun titre de presse n’a été ni ne sera neutre ou indépendant, ils ont tous été créés autour d’un courant de pensée politique ou carrément d’un parti. Ils étaient, sont et seront « engagés », comme on dit. Mais sous couvert de la fin des idéologies, les médias traditionnels se sont mis au service du règne sans partage d’une seule. Et le journaliste encarté s’est institutionnalisé au service de la défense de ses « acquis », qui tournent parfois aux privilèges, dans un phénomène qui isole parfaitement la France du reste du monde. Clairement, en 2008, la liberté est du côté du Net, et ces nouveaux journaux hybrides dont La Clau est un exemple osent l’engagement et le décalage du point de vue. Le média Internet est un formidable outil au service de la liberté d’expression et la presse numérique n’a pas plus de travers que n’en avaient les nombreuses feuilles de chou du XIXème siècle et du début du XXème. L’internaute lui même sait très bien recouper, croiser, triturer et comparer des opinions ; peser et soupeser. Qu’ils le veuillent ou non, la presse multimédia est l’avenir de la presse parce qu’elle en a aussi récupéré l’essence, tout simplement.

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