La Clau
« World Press Photo 2008 » : mieux que “Visa pour l’Image” ?

Le Centre de Culture Contemporaine de Barcelone présente jusqu’au 14 décembre le «World Press Photo 2008″, une exposition internationale itinérante avec participation et diffusion internationales.
Pour la quatrième année consécutive, la Fondation Photographic Social Vision organise au Centre de Culture Contemporaine de Barcelone et les oeuvres sociale de la banque Caja Mediterráneo la rétrospective «World Press Photo 08», qui réunit les oeuvres primées par le concours homonyme, mondialement connu comme le principal rendez-vous du photojournalisme. Le caractère nomade de cet événement est majeur puisque il lui confère une visibilité extrêmement haute à travers une promenade par 80 villes de 40 pays du monde, soit environ deux millions de spectateurs. L’exposition présentée actuellement invite 185 clichés selectionnés après des épreuves éliminatoires auxquelles ont participé 5019 photographes de 125 nationalités. Un jury international indépendant, formé par treize membres, a choisi les photographies gagnantes parmi toutes celles qu’ont livré des photographes de presse, des agences, des journaux et des photographes du monde entier. En suivant le rythme de l’expo, on repère des photos classées en 11 catégories suivantes : l’actualité globale, les faits d’actualité, les personnages d’actualité, les sports, les photos d’action, les reportages de sports, les sujets contemporains, la vie quotidienne, les portraits, la nature, l’art et les loisirs. Si l’esprit du concours est la liberté authentique, la condition pour participer étant que les oeuvres puissent être montrées sans aucune censure, le fait que des milliers de visiteurs de la planète voient cette exposition rend évident le langage universel de l’image, par-delà les frontières, créant même une sorte de mémoire collective mondiale, avec des images certainement impactantes, qui participent directement à la perception du monde. Ainsi, le World Press Photo, en tant que prix de photojournalisme des majeurs, détient un authentique pouvoir sur nos consciences.

Enfin des photos imparfaites !

Il paraît difficile de ne ressentir aucun sentiment – même difficile à décrire- en voyant la photo du gagnant de cette année, le britannique Tim Hetherington, «Soldat américain reposant sur un bunker», réalisée en Afghanistan. Cette photo numéro 1 n’est pas parfaite, mais le manque de lumière ne pose aucun problème, hormis si on lui veut offrir une autre destinée, dans le domaine publicitaire, qui imposerait une légère retouche de lumière informatique artificielle. En fait, la «project manager» de World Press Photo, Maaike Smulders, a reconnu il y a déjà quelques semaines en conférence de presse que cette photo « n’est pas techniquement parfaite mais qu’elle dispose d’un grand pouvoir communicatif qui peut même faire penser au repos d’une nation », en référence au conflit armé en Afghanistan. Or, le jury de l’édition de cette année avoue sans détours que la sélection cède le pas à des photographies plus créatives et conceptuelles que celles des éditions précédéntes, en montrant des faits déjà connus, mais vus avec des yeux et des points de vue différents, afin de stimuler notre pensée. En guise de pièce justificative, les thèmes choisis, visibles à Barcelone, sont quelques portraits d’adultes, qui ont été des enfants victimes de pervers sexuels, l’assassinat de la dirigeante pakistanaise Benazir Bhutto, les attaques envers des réfugiés de la région africaine du Darfour, les enfants de l’Est de la Turquie, les guerres en Afghanistan et en Irak, aussi bien que l’immigration. Depuis Perpignan, capitale mondiale du photojournalisme par le Festival Visa Pour l’Image, controversé en silence sur ses procédés réels et ses finalités, il paraît extraordinaire que le milieu du photobusiness le plus international, évidemment le plus américain, ne soit pas embarrassé de poids considérés inutiles puisqu’il reconnaît clairement le concept de la conquête du succès, la stratégie de la réussite, l’absence de crainte face à de lointaines déontologies. Nous disons oui au World Press Photo 2008, pas par adhésion aveugle, mais pour louer l’absence des hypocrisies habituelles, bien qu’il soit certain (ne soyons pas naïfs) qu’il en existe une ou autre.

World Press Photo 2008, jusqu’au 14 décembre 2008. Entrée gratuite.
Centre de Culture Contemporaine de Barcelone (CCCB). Rue Montalegre, 5. Métro L3.

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