La Clau
Perpignan: Daspe dénonce le «parler de Macron»

Les expressions, tournures littéraires et vocables usités par le Président de la République font l’objet d’un livre coécrit par un militant politique des Pyrénées-Orientales. Cet ouvrage engagé dans la gauche hexagonale, intitulé « Antidote au parler macronien », est l’oeuvre de Francis Daspe, professeur au lycée Maillol de Perpignan et figure dirigeante de la France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon. Cet enseignant réputé centraliste s’est associé à Céline Piot, docteure en Histoire contemporaine à l’Université de Bordeaux, militante du même parti, associé au Parti de Gauche. Tous deux souhaitent mener une « entreprise de désenfumage visant à démasquer les impostures », selon les éditions du Croquant, basées en région parisienne, qui publient leur ouvrage. Celui-ci, paru le 16 octobre, débusque le « sens dévoyé » de 30 mots habituels chez le chef de l’Etat : « apolitisme, assistanat, charges/coûts, « Je suis Charlie », compétences, concurrence, dette, dialogue social, École libre, « L’Europe, c’est la paix », frondeurs, « nos ancêtres les Gaulois », harmonisation, idéologie, jacobins, la Marseillaise, modernité/progrès/réforme, négociation, optimisation fiscale, populisme, projet, protectionnisme, révolution, ruralité, sécurité sociale, statut, usager, valeurs, vivre-ensemble, vote utile ».

Les « consciences intoxiquées »

En les déménageant de leur environnement natifl, Emmanuel Macron associerait ces mots et expressions à un « contre-projet de société », par une habileté littéraire consistant à pratiquer le glissement sémantique ou le détournement. Au travers de leur analyse, contenue sur 252 pages, Francis Daspe et Céline Piot, auteurs observateurs et perspicaces, espèrent « participer à la reconquête des consciences intoxiquées ». Sur ce même registre, l’arrivée de Marine Le Pen à la présidence du Front National, en 2011, a occasionné des changements cosmétiques, qui ont fait l’objet d’observations. L’universitaire Cécile Alduy, fille de Jean-Paul Alduy, ex-maire de Perpignan, signait ainsi en 2015 l’ouvrage « Marine Le Pen prise aux mots », paru aux éditions du Seuil. Ses travaux, basés sur le passage au crible de dizaines de discours, démontre comment l’héritière de Jean-Marie Le Pen s’attache à une vigilance de chaque instant en ne sollicitant pas le même champ lexical que son père. Cette technique essentielle, également observée sur le flanc gauche de l’échiquier politique français, semble devoir être intimement liée à la texture de la langue française.

Partager

Icona de pantalla completa