La Clau
La centrale thermodynamique de Llo sera-t-elle utile ?

Le projet de centrale solaire thermodynamique envisagé dans la commune de Llo, en Cerdagne,a été validée en 2010 par le ministère de l’Industrie, sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Ce site de 60 à 70 millions d’euros doit être construit par le groupe Constructions industrielles de la Méditerranée (CNIM) sur 23 hectares de terrains communaux. Il reçoit les remontrances argumentées de la Fédération pour les Espaces Naturels et l’Environnement (FRENE 66). Cette structure reconnue dénonce un «projet expérimental inutile», car aucune rentabilité n’est «assurée» par la centrale. La Cerdagne service de terrain d’expérimentation, pour une commercialisation du procédé en Afrique du Nord, en Afrique subsaharienne et au Moyen-Orient, sans valeur ajoutée pour le Pays Catalan. Le questionnement est épineux, car la plus grande centrale solaire thermodynamique du monde, Noor 1, se prépare à Ouarzazate. Ce site visant 1 million de foyers pourrait alimenter la Mauritanie et être reproduit au Moyen-Orient. Le Maroc semble ne pas requérir de technologie cerdane, d’autant que Noor 1 est réalisé par le groupe saoudien ACWA Power International.

«Concurrence franco-française»

Pour éclairer ce domaine complexe, peu accessible au grand public, les environnementalistes produisent une «note d’expert». Ce document technique expose comment les centrales thermodynamiques, dites à concentration, sont plus chères que les centrales photovoltaïques car elles emploient un réacteur à sels fondus, des échangeurs et des turbines. Or, le site cousin Alba Nova 1 fonctionne déjà dans la commune corse de Ghisonaccia, sur 130 000 m2 et 12 mégawatts. A Llo, la surface prévue atteint le double, pour une production inférieure, de 8 mégawatts. FRENE 66 s’étonne d’une «concurrence franco-française» et avertit : la technologie décrite est «marginale» dans ses applications réelles, car sa capacité de stockage d’énergie, évaluée à 3 heures n’est pas compétitive.

La Cerdagne ne serait pas spécifique

Les défenseurs de la nature soulèvent les raisons d’être de la centrale de Llo : «il n’y a aucune obligation à choisir ce site plutôt qu’un autre du Midi de la France sauf l’opportunité de terrains « gratuits». La situation géographique, caractérisée par un accès traditionnellement difficile en hiver, semble être un autre handicap à une exploitation efficace, réelle et pérenne. Au niveau environnemental, FRENE 66 rappelle ce qu’elle estime être le «fiasco paysager, scientifique et économique de la centrale solaire Thémis de Targasonne», une «ruine industrielle, fermée pendant 20 ans». Pour la centrale de Llo, l’installation de 50 hectares de capteurs solaires serait un «traumatisme irréparable à l’harmonie jusqu’à présent maintenue entre terres cultivées et naturelles». FRENE 66 détaille aussi ses craintes sur la faune, les abeilles sauvages, la pollinisation et les zones humides. Mais ses arguments premiers reposent sur l’essence même du projet.

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