La Clau
La gauche radicale gagne la mairie de Barcelone

Les élections municipales espagnoles organisées ce dimanche 24 mai ont entraîné un bouleversement à Barcelone. Le maire en poste depuis 2011, Xavier Trias, membre de la coalition de centre-droit Convergence et Union (CiU), a été battu sur le fil par la candidate de gauche radicale Ada Colau, à la tête de la liste «Barcelone en commun». Cette activiste sociale de 41 ans, fondatrice en 2009 du mouvement des victimes d’expropriations après l’éclatement de la bulle immobilière, a su capitaliser la déception populaire. Xavier Trias, dont le bilan est pourtant positif en matière d’équilibre budgétaire, accompagnement économique et internationalisation de la ville, a obtenu 10 sièges sur 41, contre 11 pour sa rivale de gauche. Dans cette élection où 17.400 suffrages ont séparé la nouvelle figure de la gauche de son adversaire, la participation, en hausse de 7,62% par rapport à 2011, a atteint 60,61%.

Soutien de Podemos et chute du PS

Ada Colau, la porte-parole du peuple frappé par la crise a su consolider une candidature préparée depuis 2014. L’effondrement du Parti Socialiste de Catalogne (PSC), 32 ans à la direction de Barcelone jusqu’à 2011, a profité à la nouvelle dirigeante. Sa coalition électorale comporte le parti Podemos, dont le médiatique secrétaire général, Pablo Iglesias, a tenu meeting avec elle. Cependant, la victorieuse candidate devra nouer des alliances pour devenir maire, aux prix de possibles concessions idéologiques. La troisième et quatrième force politique à Barcelone sont le parti indépendantiste Gauche Républicaine de Catalogne (ERC) et son opposant centraliste de centre-droit Ciutadans, à égalité avec 5 sièges. Le PSC en obtient 4, le Parti Popular seulement 3 et les Candidatures d’Unité Populaire (CiU), formation libertaire indépendantiste, pénètrent la mairie de Barcelone avec le même nombre 2 conseillers municipaux. Le conseil municipal, qui sera dirigé par une femme pour la première fois, présente une fragmentation historique qui devrait compliquer la gouvernance de la ville.

Un phénomène européen : les indignés gagnent le pouvoir

La petite révolution entamée à Barcelone traduit politiquement la représentation des plus fragiles face à la crise économique. La révolte des Indignés, intervenue en 2011, rejoint la gestion du pouvoir, dans une certaine mesure. Ada Colau, appréciée des exclus de la relance économique, prévoit de donner la parole à la société civile. Sans expérience élective, elle présente une virginité politique payante. L’arrivée de cette élue d’un nouveau genre à la tête de Barcelone est un événement européen, compte tenu des dimensions de la ville. Son approche future sera probablement scrutée à la loupe, notamment par ses opposants. La gagnante souhaite plafonner le tourisme et transformer en logements sociaux les appartements vacants et fournir un revenu minimum de 600 euros aux familles barcelonaises les plus pauvres. Au sujet de l’indépendance de la Catalogne, elle soutient l’idée d’un référendum et a voté « oui – oui » à la consultation sur la souveraineté du 9 novembre 2014.

Meeting d’Ada Colau, Barcelone, septembre 2014

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