La Clau
10 ans après l’affaire de la chaussette, le procès Rançon produit le pire pour Perpignan

Le procès de Jacques Rançon délocalise en Pays Catalan la foule des journalistes parisiens et des correspondants territoriaux de médias français. Plus de 80 professionnels rejoignent la capitale du Roussillon pour assister aux audiences, depuis lundi 5 mars. La comparution en cours d’assises de celui que l’on nomme le « tueur de la gare de Perpignan » suscite des spéculations langagières aptes à vendre du papier, générer des audiences et du clic. Dans cet exercice d’impudeur, l’accumulation d’atrocités verbales compose un tableau extrême sur lequel on lit « Le sexe, le sang, la mort », « Le portrait glaçant du meurtrier picard », « Un regard monstrueux », « vingt ans de cauchemar » ou encore « un pervers sadique au cerveau pas normal ».

10 ans après l’affaire de la chaussette de Perpignan

La mise en lumière du prédateur sexuel Jacques Rançon aux yeux de la France associe le pire à la marque Perpignan. Les délires positifs sur le « centre du monde », signés Salvador Dalí en 1963 et 1965 au sujet de la gare, sont remplacés par le risque et la mort. La surexposition négative de Perpignan dans les médias centralisés, ceux qui modèlent les consciences, accole la ville au seul criminel Rançon. Comme Chicago, La Jonquera ou Bruay-en-Artois, villes que le citoyen moyen, le plus répandu, associe à la criminalité ou à la prostitution. Ce phénomène grossissant contrarie les efforts développés par la mairie de Perpignan, ses commerçants, acteurs culturels et autres forces vives. Plus haut, les médias de masse ne regardent pas le territoire des Pyrénées-Orientales dans ses caractéristiques propres , mais viennent y bâtir le récit d’une errance individuelle que le hasard a voulu y conclure. Le procès Rançon soumet Perpignan à un marketing territorial inversé, tout juste dix ans après l’affaire de la « chaussette », liée aux élections municipales de mars 2008. Longtemps, le commun des Français a associé Perpignan à la mascarade. Désormais, la ville coupe-gorge alimente l’usine à clichés.

Esteve Valls

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