La Clau
Sébastien Schuller, la version planante de la french touch

Intimidé par les louanges reçues en 2005 pour « Happiness », son premier album, Sébastien Schuller a mis 4 ans avant de sortir le second. Et à force de l’avoir attendu, les critiques sont passés un peu à côté d’Evenfall, ce nouvel opus du trentenaire originaire du département des Yvelines, en région parisienne. Mais les internautes, eux ne s’y sont pas trompés : de New-York à Londres en passant par Barcelone, les mélodies planantes de Sebastien Schuller sont référencées sur les blogs musicaux les plus réputés parmi lesquels livingears.blogspot.com.

Evenfall est sorti juste avant l’été, pas vraiment la saison idéale pour se laisser porter par un album qui explore des univers musicaux mélancoliques. Mais en guise de bande originale de la saison actuelle, l’automne, ses journées plus courtes et ses températures fraîches réhabiliteront sans doute les mélodies apaisantes de Sébastien Schuller.
De formation classique, Schuller place les instruments au cœur de son dispositif musical : cuivres, orgues, basse, batterie mais surtout un piano, omniprésent, qui enveloppe tout l’album dès le premier morceau, « Morning Mist ». La voix, secondaire, distingue Sébastien Schuller d’une chanson française où les Bénabar et Delerm cherchent avant tout à raconter des histoires et jouer avec les mots. Schuller privilégie la mélodie, et, à l’instar du groupe Syd Matters, chante en anglais avec une voix un peu effacée, pas toujours intelligibles. On est rapidement emporté par les nappes d’orgues suspendues d’ « Open Organ ». Ses mélodies, et notamment le dense et profond « Awakening » rappellent les interminables mélopées cotonneuses de Sigur Ros à travers les paysages désertiques et sauvages de l’Islande.
Mais il y a surtout du Thom Yorke, chanteur de Radiohead, chez Sébastien Schuller. La ressemblance de leur voix est assez frappante. Et puis c’est la même musique fragile chez les deux artistes. Hormis sa nationalité, Schuller n’a franchement rien à voir avec la chanson française actuelle. A l’écoute d’Evenfall, on n’imagine pas que l’homme est né près de Paris, dans sa chic banlieue ouest, une véritable pépinière de talents musicaux Si le département 93 s’est spécialisé dans le hip hop, le 78, lui, se fait remarquer dans la musique pop et électronique. Le duo Air, qui a certainement influencé Schuller, vient aussi de Versailles.

Un enfant de l’Aveyron installé à Philadelphie

Après son premier album en 2005, Sébastien Schuller s’est installé à Philadelphie, ville qui l’a influencé dans la composition de cet album. Le trentenaire compose dans les trains, les aéroports ou sur la route. Les paysages le fascinent et l’inspirent. Les collines de l’Aveyron aussi, d’où est originaire une partie de sa famille.
Révélé en 2005 avec le sublime Weeping Willow, Schuller a rapidement fait le tour de l’Europe avec notamment un passage remarqué aux fêtes de la Mercè à Barcelone, à l’occasion du BAM, le festival de musique le plus pointu de Catalogne. Depuis le mois de juin, il renouvelle l’expérience. Accompagné d’un orchestre classique, il se produit dans les grandes salles d’Europe, à Londres, Berlin, Lyon, et part bientôt à New-York. La musique de Schuller a dépassé les frontières de l’hexagone. Avec lui, et d’autres, dont Phoenix, Syd Matters, ou Sébastien Tellier, on découvre la version pop de la french touch, après sa genèse électro (Daft Punk, Justice). Cette pop planante et contemplative ne néglige pas l’esthétique, au contraire. La pochette d’Evenfall est remarquable. Avec ses curieuses juxtapositions elle résume l’univers de Sébastien Schuller. Une œuvre intrigante d’Agnès Montgomery, artiste et photographe reconnue, épouse de Schuller à la ville.

« Evenfall » Sébastien Schuller –– PIAS – sorti le 25 mai 2009.

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