La Clau
Pincemin à Céret, la rupture dans la continuité

Le musée d’art moderne de Céret réalise en toute logique, régulièrement, des expositions d’art moderne et contemporain. Du côté des expositions d’art moderne historique, il s’agit invariablement de mettre au jour le travail des artistes ayant séjourné à Céret, notamment dans les années 1909-1925, comme Picasso et Soutine. La ligne est donc claire. Du côté de ce que l’on nomme « art contemporain » également, puisque le musée met en avant, depuis plus de quinze ans, le travail des artistes ayant participé de près ou de loin à Support/Surfaces.

« Douter des images »

Ce groupe est l’un des derniers de l’histoire de l’art à s’être constitué d’artistes ayant une méthode en commun. L’exposition fondatrice de ce groupe a eu lieu en 1969, dans la ville normande du Havre : les artistes y proclamèrent que l’objet de la peinture était à présent la peinture elle-même, qu’elle ne devait plus se référer à quoi que ce soit d’extérieur, comme la personnalité de l’artiste ou l’histoire de l’art. Y participèrent de jeunes artistes comme Viallat, Bioulès, Dezeuze, Saytour, autant de noms familiers au visiteur du musée de Céret. Jean-Pierre Pincemin, décédé en 2005, participa au groupe Supports/Surfaces, avant de développer une œuvre propre, choisissant une problématique autonome. Expérimentant les matériaux les plus divers, il a réalisé toiles et sculptures polychromes. Son choix, comme il le dit en 1994 dans une interview à Gilles Tissot, n’aura de cesse de « douter des images ». En tant que professeur, à Poitiers notamment, il s’est toujours attaché à transmettre ce doute, méthodique et prolifique.

Un artiste cohérent après 40 ans

Au sein du groupe Supports/Surfaces, Pincemin a souvent été présenté comme à la fois en rupture et en continuation avec la tradition picturale. En effet, dès 1986, dans une exposition titrée « L’année de l’Inde », on l’imagine revenir à la figuration : les critiques et les institutions comprennent alors très mal sa démarche. En réalité, l’artiste s’est engagé dans un pur renouvellement de la composition, d’un point de vue de la forme. Il commence dès lors à relire certains des thèmes les plus importants de l’histoire de l’art, à travers des séries de « chasses », « arbres de la connaissance » ou « Marie-Madeleine ». A partir de cette période, une grande cohérence devient perceptible dans son œuvre, qui terminera dans les grandes toiles abstraites de 2004-2005.

La rétrospective du musée de Céret est d’une grande complétude, et montre l’ensemble des aspects de la carrière de l’artiste. Après avoir été présentée à la Piscine, musée d’art moderne de Roubaix, elle passe l’été en terre catalane. En même temps se déroule à Angers une rétrospective qui la complète. Une importante monographie a également paru chez Gallimard. L’année 2010 est donc celle du souvenir de Jean-Pierre Pincemin, mort à l’âge de 61 ans.

Jean-Pierre Pincemin
Rétrospective
Musée d’art moderne de Céret
Jusqu’au 10 octobre 2010
www.musee-ceret.com

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