Quelques heures après l’annonce de la mort de Michael Jackson, des milliers d’habitants d’Harlem à New York sont venus se recueillir à l’Apollo, le temple de la musique noire qui dans les années 1960, au temps de la ségrégation, accueillait les jazzmen noirs. Loin d’être triste, l’ambiance était festive. Après une vie marquée par les scandales et les frasques, le noir « blanchi » retrouve enfin les siens. Des heures durant, jeunes et anciens, parents et enfants, tous afro-américains, ont voulu rendre hommage à l’une des plus grandes figures noires de l’histoire contemporaine. Michael Jackson s’est refait le nez, s’est éclairci la peau, à renoncé à ses cheveux frisés. Mais il était noir. Il aura fallu attendre sa mort pour que l’humanité entière se le rappelle. L’hommage qui lui a été rendu par la communauté noire américaine et les messages de tristesse et de compassion envoyés par les grandes figures noires américaines montrent bien que malgré toutes ses extravagances et ses efforts pour effacer sa couleur, Michael Jackson restera à jamais une icône noire.

Avant il y a bien eu James Brown ou Stevie Wonder. Mais Jackson Michael Jackson est le premier noir à avoir cassé les barrières de la couleur aux Etats Unis,. C’est le premier noir que les citoyens afro-américains ont pu voir à la télévision, le premier noir dans lequel beaucoup ont pu s’identifier. La force de Jackson est sans doute d’avoir réussi à être accepté aussi bien par les noirs que par les blancs. Les décideurs de l’époque le comprennent et décident d’en faire une icône mondiale en le propulsant star des clips de MTV. Business is business. Pas grand-chose à voir avec une soi-disant ouverture de la société et une meilleure intégration des noirs. Qu’importe, le résultat est là.

Echec du blanc, victoire de la star black

Le monde entier connaît les pas de danse de Michael Jackson. Dans toute la planète on écoute le roi de la pop qui chante « Je ne vais pas gâcher ma vie en étant une couleur ». Bien avant les Tiger Wood, Oprah Winfrey ou encore Barack Obama, Michael Jackson a accompagné, sans le vouloir, cette société post raciale. Black or White, c’était le titre d’une de ses chansons. Sa célébration au cœur d’Harlem, et de tous les quartiers noirs des Etats-Unis, de Philadelphie à Los Angeles, témoigne de la volonté de réappropriation par la communauté américaine de la légende disparue. Les noirs lui ont tous pardonné : son nez refait, ses cheveux lissés, ses goûts de nouveau riche et ses excès. Le pasteur Jesse Jackson l’a rappelé, Michael Jackson est une figure historique. Sa place est désormais dans le Panthéon de la communauté afro américaine : c’est à côté de Martin Luther King et de Mohammed Ali qu’il faut le ranger.

A l’heure de sa mort, Michael Jackson est réapproprié par les siens, porté par l’émotion et le concensus universel autour de son talent Pourtant, la star s’est en allée avec ses troubles identitaires. A force de s’identifier à des canons de beauté blancs, Michael Jackson a-t-il nié son identité noire ? Sa mort traduit sans doute un échec de la transformation de son identité noire. Une transformation qu’il a tentée d’opérer au nom du business, et qui s’est finalement retournée contre lui au regard de l’état physique et psychique dans lequel le roi de la pop a terminé sa vie. En niant son identité, Michael Jackson a hélas favorisé sa perte. Michael Jackson n’aura jamais réussi à être un blanc. Michael Jackson était noir. C’est sans doute ce qu’on l’on retiendra avant tout de la mort du roi de la pop.

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