La Clau
Machine diabolique à Perpignan, au bénéfice du FN Louis Aliot

Le Front National (FN), dont le succès de ce début de printemps ébranle l’ensemble de la classe politique française, effectue cette semaine une habile opération de communication dans les Pyrénées-Orientales. Afable, beau garçon, doté d’un accent ariégeois fort proche de l’accent catalan, et adepte d’une langue française intelligible et de qualité, son vice-président, Louis Aliot, présentait déjà des atouts évidents : à seulement 41 ans, cet avocat installé près du Palais des Congrès de Perpignan depuis septembre dernier présente même une caractéristique en rupture avec le passé. Car, face à l’image vieillissante d’un FN créé par des contemporains de la seconde guerre mondiale et du régime de Pétain, il incarne une jeune extrême droite, à rapprocher des mouvances nord-européennes. L’exemple du Partij voor de Vrijheid néerlandais, « Parti pour la liberté », opposé à l’Union Européenne mais doté d’une image dynamique, fait écho à cette nouvelle mouture du FN, agrémentée de la blondeur souriante de Marine Le Pen.

Mieux encore pour les intérêts du parti, dont il considère faire partie « des meubles », Louis Aliot bénéficie désormais d’une toute première légitimité symbolique depuis son parachutage en Roussillon. En effet, il a été été conspué dans le hall du Conseil Général des Pyrénées-Orientales, dimanche soir vers 20h30, en direct sur la station France Bleu Roussillon. Fort de cette attaque, le concepteur d’une bonne partie de la campagne historique de Jean-Marie Le Pen en 2002 a porté plainte, ce mercredi, pour « injures publiques, intimidations et menaces ». Le qualificatif de « facho » a notamment été employé à son endroit par un groupe de présents. La plainte est déposée contre X, mais Louis Aliot désigne sans hésiter des membres du Parti Socialiste, en prenant pour preuve les photographies de cet épisode publiées lundi par les Journaux du Midi. Un cliché comporte en effet, la vice-Présidente du Conseillère Général, Ségolène Neuville, possible candidate aux élections municipales de 2014 à Perpignan, à l’identique du conspué.

Si Louis Aliot préfère envisager le second tour des élections cantonales dans la discrétion, par crainte de menaces physiques, le bénéfice est net pour sa candidature. Car l’événement de dimanche le pose en victime, et le renvoie à ses motifs d’adhésion au Front National, en 1988, lorsqu’il s’être fait « cracher dessus », par des « démocrates », selon ses propres mots. Le jeu dangereux amorcé depuis le Pays Catalan, qui donne des arguments précieux à l’homme fort de l’extrême droite française, devrait comporter de nouvelles surprises, à la faveur d’une médiatisation sans entraves. A ce titre, le discours de Marine Le Pen prononcé le 17 mars à Bompas, à deux pas de Perpignan, fournit d’étranges pistes. En effet, son contenu ostensiblement socialiste, au sens premier du terme, peut faire mouche auprès d’un public exclu de la phraséologie élitiste dont le Parti Socialiste est devenu prisonnier.

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