La Clau
En 1964, la France et l’Espagne voulaient une centrale nucléaire sur la Costa Brava

L’actualité environnementale liée aux drame de Fukushima remémore aux habitants de la province de Girona un vieux projet de centrale nucléaire. En 1964, la France et l’Espagne ont en effet signé un accord de construction d’un centre de production, qu’elles souhaitaient ériger près de la ligne frontière. Cette centrale, prévue sur la plage de la commune côtière de Pals, située à la hauteur de Girona, aurait dû occuper un site naturel proche de l’embouchure du fleuve Ter. Ce projet, soutenu par le général De Gaulle, promoteur de l’énergie nucléaire en France, et par le général Franco, a fait l’objet d’une commission spéciale, sur la base de l’importante consommation électrique de la région. La production, consommée localement, aurait également alimenté le Roussillon, dans le cadre d’échanges énergétiques avant la lettre. Mais l’étude préalable, confiée à EDF et au Commissariat français à l’Energia Atomique, en partenariat avec le Bureau de l’Energie Nucléaire espagnol, n’a débouché sur aucune concrétisation.

Une rumeur tenace a longtemps attribué cet arrêt du projet au vice-président du gouvernement totalitaire espagnol, Luis Carrero Blanco, qui appréciait personnellement le secteur visé, mais la raison essentielle revient au monde économique. Au printemps 1965, plusieurs entrepreneurs et acteurs politiques de la Costa Brava, dont un ami personnel de Franco, Mateu Pla, ont convaincu le régime de reculer sur ce dossier, alors que se préparait l’envol touristique de la région. Lors de la même période, l’écrivain et journaliste Josep Pla, immense autorité catalane, qui habitait Palafrugell, à 5 km du lieu envisagé pour l’implantation de la centrale nucléaire, s’était prononcé en sa faveur, sans la plus grande discrétion. Dès le 25 mai 1965, l’annonce était faite du déplacement du projet dans la région de Tarragona, en raison d’incompatibilités géologiques supposées avec la Costa Brava. La centrale de Vandellòs, toujours en activité, a ainsi été inaugurée en 1972. En Roussillon, le seul exemple de site pressenti pour accueillir un industrie de production nucléaire est Paulilles. Hameau de la commune de Port-Vendres, bordé par la mer, Paulilles a figuré un temps dans les plans du Président Valéry Giscard d’Estaing, à la fin des années 1970, jusqu’au tout début des années 1980.

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