La Clau
De Django aux Artic Monkeys, la clope en musique

Le jazz a beaucoup promotionné la cigarette. Django Reinhardt, fumeur de plusieurs paquets par jour en est mort en 1953… Bon nombre de standards des années 50/60 aux, du genre « Cigarette and bourbon » ou « Smokin’ bar », ont loué le tabac dans une atmosphère de cave enfumée, dans la pénombre, au son du Be Bop et des nuages de fumée des P 4, brûle-gorges sans filtre fournis par l’Armée française à ses gentils soldats. La cigarette est même symbole de liberté et d’affirmation de soi chez les femmes, pour lesquelles elle représente une provocation et un désir d’égalité avec l’homme à l’instar de Juliette Gréco ou Rita Hayworth. Puis le rock 70’s continue de faire la part belle au tabac, comme aux stupéfiants… A l’époque où le cow-boy Marlboro semble dominer la planète et les pubs des journaux, Deep Purple et son célèbre « Smoke on the Water », David Bowie et son « Rock and roll suicide », ou Eric Clapton, racontent leur dépendance. En France, Serge Gainsbourg, bien sûr, avec ses 60 clopes par jour, les fameux clous du cercueil et son billet de 500 balles, incarne le fumeur total et l’exemple à ne pas suivre. En comparaison, Hubert-Félix Thiéfaine et sa « 113ème cigarette sans dormir » ou Jacques Higelin « amoureux d’une cigarette » incarnent la santé…

Le tournant des années 1980 : Lucky Lucke arrête de fumer !

Peu à peu le tabac est exclu des plateaux télé, du cinéma, de la chanson et de la BD : en 1983, en France, Goscinny, père de Lucky Luke, est obligé par voie de justice au titre de l’exemplarité pour la jeunesse de supprimer la clope roulée de son personnage, remplacée par un brin de paille. Sous la pression des lobbies de la santé cristallisée par la loi Evin en 1991, après la loi Veil en 1976, la cigarette est mise à l’index, sa nocivité est enfin révélée. Actifs ou passifs, les fumeurs sont interpellés et les chansons le disent : en 1998, Mathieu Chedid, dans « Je suis une cigarette », relève l’aspect envoûtant et vénéneux de la tige, Sanseverino la condamne dans « La cigarette », Manu Chao dans « Petite blonde sur boulevard brune » la déconseille aux jeunes. Très récemment, en 2006, les Artic Monkeys, groupes britanniques pop rock des plus influents, proposent dans « Cigarette smoker Fiona » une vision critique du tabac qui transforme les personnalités. Mais alors, sans tabac, quels seront les thèmes des chansons de demain ? Après s’être affranchie des complexes liés aux plaisirs, à l’argent et à la politique, la musique se doit d’aborder la santé ou le respect de l’environnement, questions désormais vitales qui pourraient être portées par les artistes du futur pour définir de nouveaux projets, économies et comportements… Mais le rêve de John Lennon dans « Imagine » est encore loin.

Références album : Cigarette smoker Fiona – Who the fuck are Artic Monkeys ? – 2006 – Domino.

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