La Clau
Les risques du TGV Perpignan-Montpellier pour la nature, et inversement

Le bouclage financier de la Ligne à Grande Vitesse (LGV) Perpignan-Montpellier effectué sur le papier le 2 septembre par les différentes partenaires (hormis l’Union européenne) précède l’enquête publique, prévue cet automne. Entre ces deux échéances, sans tintamarre, une étape à caractère consultatif est intervenue le 22 septembre lorsque l’Autorité environnementale (AE) a rendu son avis concernant la ligne. Cette instance dont les avis ne sont pas contraignants, s’exprime sur la manière dont les projets prennent en compte l’environnement, tout en éclairant le maître d’ouvrage (SNCF Réseau) et le grand public.

Protéger la nature ou protéger le TGV ?

Dans son rapport de 39 pages, l’AE évoque l’interaction entre la LGV et les eaux souterraines et issues des crues, le vignoble et la biodiversité, ou encore les nuisances sonores subies par les animaux et les humains. A l’inverse, cartographie à l’appui, on y aborde les risques encourus par l’infrastructure elle-même : il y est question de “vulnérabilité de la ligne aux intempéries” et aux eaux souterraines “sur les secteurs alluvionnaires des cours principaux cours d’eau », dont la Têt et l’Agly. Pareillement, au sujet de la Têt et autres cours d’eau, dont l’Orb et l’Hérault, en Languedoc, il est indiqué que « leur franchissement constitue une difficulté ». Le changement climatique, qui aura eu le temps de s’accentuer à l’inauguration tardive de la ligne, à l’horizon 2040 si tous les délais sont tenus, pourrait même accentuer ces estimations un soupçon alarmistes.

La “fragmentation” du territoire sera renforcée

L’arboriculture et le maraîchage, dont l’existence dépend de la persistance du rôle nourricier de la “zone de plaine alluviale de la Têt, fertile et au potentiel irrigable, au niveau de la commune de Rivesaltes, dont les sols issus des dépôts de l’Agly sont fertiles”, ne sont pas oubliés. Ces activités économiques ancestrales ajoutées aux vignoble “en appellations d’origine protégée”, notamment à Rivesaltes, sont référencées dans les considérations scientifiques, car la “fragmentation générée par l’Autoroute A9 dont la résilience aux événements climatiques exceptionnels n’est pas avérée, va être renforcée par celle générée par la nouvelle ligne”. En somme, les surfaces occupées par les deux voies de LGV n’absorberont plus la pluie. Imperméabilisées, elles vont augmenter la vulnérabilité du territoire aux caprices du ciel. L’intervention humaine risque d’altérer l’écoulement naturel des eaux, nécessaire pour un stockage efficient dans les nappes phréatiques et une irrigation harmonieuse des cultures.

Une pensée pour l’alouette calandre et le bruant ortolan

La biodiversité est le caillou dans la chaussures de certains grands chantiers : la déviation routière de Joncet, en Conflent, a ainsi été retardée en raison de la présence d’une variété de lézards et de papillons à sauvegarder. Ce paramètre est contenu dans le pli d’informations concernant le TGV Nord, qui cite la plaine entourant le Camp Joffre (à Salses), abritant de “petits noyaux de populations isolées d’espèces d’oiseaux à caractère steppique rares ailleurs en France”, comme l’alouette calandre, l’alouette calandrelle, le bruant ortolan ou la pie grièche à tête rousse. Le rapport évoque les “garrigues assez ouvertes et arides du secteur de Salses le Château à Roquefort des Corbières”, abritant “la plus importante diversité régionale d’espèces typiquement méditerranéennes endémiques et en limite nord de leur aire plutôt ibérique”.

Consultez le document complet “Avis délibéré de l’Autorité environnementale sur la ligne nouvelle Montpellier-Perpignan – LNMP (11-34-66)”

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